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CONDITION
DE LA
FEMME AUX ÉTATS-UNIS

VI.[1]
EN LOUISIANE


I. — VERS LE SUD

L’une des impressions les plus vives que j’aie reçues durant mon séjour aux États-Unis a été celle du brusque passage d’une tempête de neige dans le Nord à un printemps quasi tropical dans le Sud. Encore ces contrastes de la nature extérieure m’ont-ils frappée beaucoup moins que la différence des mœurs et de l’esprit chez les habitans de ces deux régions si opposées. C’était à l’époque du plus beau carnaval qui soit au monde : celui de la Nouvelle-Orléans. De tous les points du continent on y afflue. Je tombai de la vie pratique en pleine fantaisie, de la réalité dans un conte bleu.

Mon train avait quitté New-York au milieu d’un blizzard[2] effroyable. L’atmosphère cependant s’éclaircit assez vite et je pus

  1. Voyez la Revue des 1er juillet, 1er septembre, 15 octobre et 1er décembre 1894, du 15 avril 1895.
  2. Il est difficile, quand on n’a pas habité New-York, d’imaginer l’horreur du mélange de froid intense, de vent ininterrompu, et de neige tourbillonnante qui constitue le blizzard.