À l’horizon béni du céleste portique,
Resplendit un lointain mirage d’Orient,
Et la Mère de Dieu regarde en souriant
Catherine la prude et Barbe la mystique.
Jan Floreins van der Rijst, sur ce noble triptyque,
Pour les glorifier mieux encor qu’en priant,
A fait, dans le cristal d’un air pur et brillant,
Peindre le Précurseur et l’Apocalyptique,
Ses deux patrons : celui dont Hérode Antipas
À la danseuse impure accorda le trépas,
Après qu’il eut au Christ donné le saint baptême,
Et celui qui, hanté du terrible réveil,
Pâlissant aux horreurs du jugement suprême,
Vit un ange puissant debout dans le soleil.
Vous cachez sous l’ampleur de la robe aux plis verts
Votre corps frêle et pur de vierge et de martyre,
Jamais vos yeux baissés ne cesseront de lire,
Et d’une coiffe d’or vos cheveux sont couverts.
Je veux, bien que je vive en un siècle pervers
Et que l’antique espoir loin de nous se retire,
Madame sainte Barbe au bienheureux sourire,
À vos pieds délicats faire chanter mes vers.
Un murmure affaibli d’orgues aériennes,
Flotte sur les parfums des fleurs élyséennes,
Quand vous vous promenez dans les vergers du ciel.
Tel, célébrant la grâce angélique des femmes,
Quand Jan van Eyck eut dit la splendeur du réel,
Le divin Hans Memlinc a su peindre des âmes.