soit une élévation de 7 à 10 francs du droit sur les blés, avec la loi du cadenas dans les deux éventualités. Ces trop ardens champions n’en sont encore pas à réclamer pour la France une loi Kanitz. L’un d’eux, cependant, a laissé entendre que, s’il n’avait pas, en vingt circonstances, affirmé publiquement que l’attribution d’un monopole à l’État n’était, à son avis, admissible qu’à titre tout à fait exceptionnel, quand il s’agit, par exemple, d’une consommation inutile à la vie, comme le tabac, ou nuisible, comme l’alcool, il aurait volontiers demandé pour l’agriculture française la protection comme en Prusse. Il n’y a pas à s’indigner de ces exagérations qui traduisent, ici et là, l’intensité des souffrances trop réelles d’une industrie dont la prospérité importe tant à la grandeur de notre pays. Si l’on voit ses représentans verser ainsi dans un empirisme dangereux, la faute en est peut-être à l’impassibilité indifférente des docteurs, les grands consultans de la « science économique », qui dissertent sur le cas en invoquant les auteurs classiques, démontrant qu’il faut rester fidèle à la méthode et avoir le courage de souffrir, même de mourir, pour l’honneur d’observer les principes de la Faculté.
Il faut toujours avoir sous les yeux l’exemple de l’Angleterre, qui a dû renoncer à la culture du blé ou tout au moins la réduire au rôle de culture accessoire, et répéter bien haut que, si un pareil malheur devait frapper la France, le désastre serait irréparable. En Angleterre même, on n’est pas encore résigné à cette décadence de l’agriculture ; on est plutôt tenté d’y voir le prélude d’une crise économique et sociale formidable, où l’antique prospérité industrielle risquera à son lourde sombrer, et c’est la perspective, la frayeur de ces misères d’un avenir prochain, qui transforment tant d’hommes politiques anglais, tant de propriétaires terriens et de manufacturiers de Birmingham et de Manchester, jadis fervens adorateurs de Cobden, pieux monométallistes-or et