été très forte, mais tardive, et par suite peu rémunératrice ; en 1 »S87 elle a été excellente, et le produit total a dépassé le chiffre exceptionnel de 10 millions de francs.
La production de la pomme de terre de primeur appartient essentiellement à la petite culture, au jardinage ; elle est vraisemblablement destinée à s’étendre beaucoup, particulièrement en Algérie, où sont à l’œuvre les robustes et habiles travailleurs qui arrivent aussi bien de France que d’Espagne, de Malte ou de Sicile et des Calabres. Jusqu’à présent ils n’ont guère mis en valeur que le littoral ; mais si, franchissant les hauts plateaux, ils descendent vers le Sahara, ils trouveront au pied des montagnes un climat d’une extrême douceur, des eaux abondantes, et pourront aisément y produire des primeurs. La pomme de terre hâtive commence à prospérer dans les jardins de Biskra ; les expéditions sont faciles, car déjà depuis plusieurs années le chemin de fer atteint l’oasis.
Il y a cinquante ans, en 1845, la culture de la pomme de terre s’étendait sur de vastes surfaces dans toute l’Europe ; elle ; entrait pour une part importante dans l’alimentation des populations de l’Allemagne, de la Belgique, de la Hollande, de la Grande-Bretagne, et particulièrement de l’Irlande, quand, vers le mois d’août, la nouvelle se répandit qu’une maladie grave attaquait les plantations ; des taches brunes apparaissaient sur les feuilles, sur les tiges, qui ne tardaient pas à dépérir. Les tubercules déjà formés étaient également atteints ; la maladie apparut d’abord dans les provinces rhénanes, en Belgique, en Hollande, dans le nord de la France, aux environs de Paris, prenant rapidement les proportions d’un désastre.
Les pouvoirs publics s’émurent. Le ministre de l’agriculture, M. Cunin-Gridaine, convoque d’urgence la Société nationale, et lui demande son avis ; on rédige une instruction pour indiquer comment on peut conserver ce qui reste indemne de la récolte, c’est-à-dire les trois quarts dans certains points privilégiés, le tiers, la moitié seulement dans d’autres.
On montrait, dans cette instruction, qu’il ne fallait pas s’abandonner ; que les pommes de terre médiocrement atteintes pouvaient encore fournir un aliment quand on prenait soin de séparer les parties décomposées ; qu’en outre la fécule ne disparaissait qu’assez lentement et que le traitement des tubercules dans les féculeries restait possible.
Les pertes furent cependant considérables, les souffrances