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Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 131.djvu/313

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le canon riposta vigoureusement ; mais quelques boulets heureux ayant causé l’explosion du magasin à poudre, le fort sauta avec un horrible fracas et le feu se communiqua aux palissades qui l’entouraient. La canonnade des bâtimens continuait encore que les troupes de débarquement étaient déjà à terre. Un détachement de Hovas cherchant à les repousser fut mis en fuite par quelques coups à mitraille tirés à propos de nos embarcations. M. Fénix, capitaine au 16e léger et chef de la colonne, détacha de suite en avant 25 voltigeurs sous les ordres du sous-lieutenant Dot et 25 chasseurs commandés par le sous-lieutenant Pasquet de Larevenchère, mais les Hovas, effrayés par la canonnade et l’incendie de leur fort, s’enfuirent dans toutes les directions. Vivement poursuivis par les tirailleurs, ils firent volte-face à l’entrée d’un bois, et rangés en bataille ils dirigèrent sur nos tirailleurs un feu de file très nourri qui nous tua ou blessa quelques soldats jusqu’à ce que la colonne, arrivant au pas de course, et les tirailleurs s’étant réunis et formés en deux pelotons, firent mine de les charger à la baïonnette : alors ils prirent la fuite et s’enfoncèrent dans le bois où il eût été imprudent de les poursuivre. Les résultats de cette journée furent 23 canons, 212 fusils, et environ 80 hommes que perdirent les Hovas, sans compter leurs blessés[1]… »

« Prudens dans nos succès, continue le narrateur, nous n’avions pas poursuivi les Hovas à travers leur bois épais où nous pouvions tomber dans une embuscade. Mais ayant appris qu’ils s’étaient ralliés et retranchés à sept lieues de là dans un endroit nommé Ambalou-Manori, laissant les marins se rembarquer, nous nous mimés, le 15, à 6 heures du matin, en route pour aller les débusquer. Après quatre heures de marche, nous arrivâmes à un village nommé Yvondrou où nous prîmes quelque repos. Un détachement sous les ordres de M. Schœll, capitaine d’artillerie de marine et gouverneur de Sainte-Marie, passant en pirogue une large et profonde rivière qui coule au bas du village, laissa 25 hommes à la garde des pirogues pendant que le capitaine Fénix occupait le village avec le reste de ses troupes et s’achemina sous la conduite de deux bons guides vers les débris de la garnison de Tamalave. Cette petite expédition, conduite avec bravoure et intelligence, fut couronnée du plus heureux succès. A la pointe du jour, le capitaine Schœll et ses soldats arrivèrent près des Hovas. Les factionnaires avancés donnèrent aussitôt l’alarme en criant : « Vasa ! Vasa ! (Les Blancs ! les Blancs ! ) » Le capitaine Schœll charge alors à la baïonnette. M. Dot entraîne les voltigeurs sur

  1. Journal de l’Armée, année 1831, article du lieutenant Pasquet de Larevenchère.