Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 131.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses pas ; M. Maréchal, officier des Yolofs (noirs du Sénégal), se précipite également sur les Hovas qui, après une défense courageuse, sont chassés de la redoute et mis en fuite. »

Le commandant de l’expédition ne put malheureusement pas pousser ses avantages aussi vigoureusement qu’il l’eût désiré. Les vents contraires et la nécessité de protéger l’évacuation des négocians européens qui craignaient la vengeance des Hovas, le forcèrent à demeurer une quinzaine de jours en rade de Tamatave. Dès qu’il lui fut possible de mettre à la voile, il résolut d’aller attaquer un poste hova situé à 60 kilomètres environ plus au nord, celui de Foulepointe, et le 17 octobre il s’y présenta avec sa division.

Le succès n’y répondit pas à ce qu’il avait été à Tamatave. Une victoire trop facile avait donné aux troupes une confiance excessive, et dès que le débarquement fut ordonné, se précipitant sans ordre vers l’ennemi, elles tombèrent dans une embuscade que celui-ci, rendu prudent et expérimenté par sa défaite même, avait préparée pour nous surprendre. L’hésitation produite tout d’abord dans la colonne par cette attaque imprévue se changea bientôt en déroute et le brave capitaine Schœll, voulant la ramener à l’ennemi, tomba mortellement frappé en s’efforçant de rallier les fuyards qui ne se reprirent que sur le rivage, sous la protection du canon de la division navale. « Gel événement fut un coup de foudre pour le chef de l’expédition. Il en fut accablé à tel point qu’il ne put, raconte le lieutenant de Larevenchère, nous cacher son découragement. Il arriva alors ce qui a souvent lieu en pareille occurrence, c’est que de la sécurité on tomba dans une circonspection outrée ; sans oser tenter un nouveau débarquement on leva l’ancre pendant la nuit et l’on vint mouiller en rade de Sainte-Marie. »

Pendant ce temps, le fort de Tintingue, resté sous le commandement du capitaine Gailly avec une garnison de 300 hommes, et sur lequel le commandant Gourbeyre avait cru que porteraient les premiers coups des Hovas, n’avait pas été attaqué. Mais le fort hova de la Pointe-à-Larrée, construit à 20 kilomètres de là, semblait une menace et une provocation : il était d’ailleurs indispensable de venger et de faire oublier l’échec de Foulepointe, et le commandant Gourbeyre résolut l’attaque de ce poste ennemi. Dans ce dessein il se rendit à Tintingue pour y prendre des renforts parmi les troupes de la garnison : « Le 31 octobre, écrivait-il au ministre, je descendis à terre pour m’assurer par moi-même des ressources que pourrait m’offrir ce poste pour l’accomplissement [1]

  1. Journal de l’Armée, année 1834, p. 65-67.