n’assurer qu’une tranche de son existence : cinq ou dix ans. Ainsi fera le débiteur au profit d’un créancier, qu’il ne saurait rembourser autrement si la mort survenait avant une certaine époque ; combinaison d’autant moins chère que la période prévue, et par conséquent la responsabilité de la compagnie, sera plus courte.
Telles sont les plus usitées des conventions faites « en cas de décès. » Il en est une foule d’autres dont le montant n’est exigible au contraire que si l’assuré est encore en vie à l’échéance : capitaux ou « rentes différées, » à terme fixe ou incertain, payables au moment où le bénéficiaire en exprime le désir, leur chiffre devant être naturellement plus fort selon que ce désir est exprimé plus tardivement. Quant aux rentes immédiates, rien ne s’oppose à ce qu’elles soient servies à plusieurs personnes simultanément ou successivement, à ce qu’elles s’augmentent ou se réduisent en faveur des unes ou des autres. Même il peut être prévu qu’une portion du capital aliéné sera restituée par les compagnies. Celles-ci escomptent volontiers les nues-propriétés ou les usufruits ; et, suivant le gré des contractans, les échangent tantôt contre des revenus, tantôt contre un capital liquide.
Il serait intéressant de savoir avec précision par quelles classes sociales l’assurance a été le mieux accueillie. Nos compagnies n’ont publié jusqu’ici aucun travail qui permette de s’en rendre compte. Seule une société étrangère, opérant en France, a indiqué la profession de ceux de ses cliens qui ont souscrit dans notre pays des polices de 20 000 francs et au-dessus. Ce sont proprement les aristocrates de l’institution, puisque la moyenne des contrats n’est actuellement chez nous que de 13 500 francs et que les autres nations fournissent des chiffres équivalens ou inférieurs. Sur les 1 550 assurés dont se compose la liste dont je viens de parler, plus de la moitié — 780 — n’ont stipulé que des sommes de 20 000 à 30 000 fr. ; à 600 autres sont garantis des capitaux de 31 000 à 99 000 francs. Il en est 153 de 100 000 à 199 000 fr., 11 seulement de 200 000 à 399 000 francs, 2 de 400 000 et 1 de 500 000 francs : ce dernier est un négociant en vins. Les autres gros souscripteurs sont rentiers, notaires, banquiers et agens d’affaires. La plus forte prime qui ait jamais été, croyons-nous, payée dans le monde est celle d’un commerçant de New-York, qui averse en un chèque à une compagnie américaine la somme de 3 millions de francs sur la tête de plusieurs membres de sa