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si Agostino Chigi, admis dans la famille de Jules il par une étrange adoption, put trouver place dans une chapelle latérale. Sous Alexandre VI comme de nos jours, l’église del Popolo était desservie par les religieux Augustins dont le monastère était attenant à l’édifice. Le monastère a disparu depuis lors. Eh bien ! c’est dans la salle capitulaire de ce couvent que fut passé, le 30 janvier 1495, le premier et le plus important de ces actes. Le contrat rédigé par maître de Filippi, qui s’intitule lui-même « notaire d’autorité impériale et apostolique », comporte les conditions du marché conclu entre le cardinal Farnèse et les moines de Santa-Maria del Popolo. Il établit notamment les limites de l’immeuble et contient une description succincte de la maison d’habitation et de ses dépendances.

Un second acte fut rédigé par Pietro-Paolo Amadei, qui s’arroge le titre plus ambitieux de « notaire par la grâce de Dieu et la volonté impériale », le 31 mars 1495. Ce tabellion de droit divin constate que l’immeuble acheté par Farnèse est désormais libéré d’une hypothèque dont il se trouvait grevé en faveur des dominicains de Santa-Maria sopra Minerva.

De ces deux documens se dégagent des renseignemens du plus haut intérêt. C’est d’abord le prix stipulé pour la vente, — cinq mille cinq cents ducats, — somme considérable pour l’époque et qui atteste à la fois la richesse de l’acquéreur et l’importance de l’acquisition. Un autre passage contient l’état des lieux. Par malheur, les détails de ce genre n’intéressaient pas le personnage pour qui la copie a été faite. Des points indiquent clairement que des phrases entières ont été supprimées dans le manuscrit de Naples. Ce qui reste suffit, toutefois, à nous apprendre que l’immeuble n’était pas isolé. D’un côté, il confinait à la propriété de feu Giovanni de Rossi, évêque d’Alatri, d’un autre à l’hospice des Anglais, tandis que des voies publiques et le Tibre constituaient ses autres limites. A la maison d’habitation se trouvaient annexées d’assez vastes dépendances, une sellerie, une cave, un four, des écuries qui donnaient sur une voie latérale conduisant au fleuve. Derrière le corps de logis principal était un grand jardin avec un cloître probablement orné de portiques, ce qui est digne de remarque. Enfin, au-delà d’une autre rue se rencontraient une tour, sans doute un reste des anciens murs de Rome, et un petit jardin sur la rive même du Tibre.

Que de traits communs entre ce vieil immeuble et le palais actuel du roi de Naples ! Ce grand jardin avec le cloître, cette rue qui coupait la propriété en deux tronçons, puis ce second