étaient tombées en ruine ; seules quelques tours encore debout apparaissaient de distance en distance.
Mais il est temps, ce semble, de revenir à nos notaires. Aussi bien leurs grimoires fournissent-ils sur l’histoire du palais acquis par Alexandre Farnèse des indications aussi intéressantes qu’imprévues. On se rappelle que ce palais — donnus seu palatium — se trouvait grevé d’une hypothèque servant de garantie à une rente constituée en faveur des religieux de Santa-Maria sopra Minerva. Pour libérer l’immeuble de l’hypothèque en question, il fallut obtenir le consentement de la congrégation au profit de qui la rente était instituée. L’acte du 31 mars 1195 nous apprend que ce jour-là les religieux furent convoqués à son de cloche dans la salle de leur chapitre. A peine sont-ils réunis qu’ils font une déclaration qui vaut la peine d’être enregistrée. Ils reconnaissent, en effet, avoir appris que le cardinal Farnèse s’est rendu acquéreur d’un palais autrefois légué a la congrégation de Santa-Maria del Popolo par un Espagnol, Pierre, cardinal de Tarazona, palatii relicti per quondam bonæ memoriæ : dominum Petrum hispanum cardinalem Tirasonensem.
Inutile de pousser plus loin nos investigations, car nous voici, à n’en pouvoir douter, en présence du personnage qui possédait le palais avant que les religieux de la place du Peuple en devinssent à leur tour propriétaires. Reste à dégager la personnalité de cet Espagnol, de ce Pierre, cardinal de Tarazona. Il suffit, pour y parvenir, de consulter le savant ouvrage de Ciaconius, l’Histoire des Pontifes romains. On voit figurer, en effet, au nombre des cardinaux créés par Sixte IV dans la promotion du 15 janvier 1476, un Petrus Ferrici hispanus que Paul II avait placé précédemment à la tête de l’église de Tarazona en Aragon. Rien de plus aisé, en conséquence, que d’identifier ce Petrus Ferrici hispanus avec Pedro Ferriz, un Catalan venu jeune à Rome où il parcourut, non sans éclat, les divers degrés de la hiérarchie ecclésiastique, jusqu’au jour où le premier Rovere l’appela aux honneurs de la pourpre.
Cet homme d’église n’était pas le premier venu, et l’histoire du XVe siècle n’a pas entièrement oublié son nom. Chargea deux reprises par Pie II de missions délicates en Allemagne, il s’acquitta de sa double nonciature à la satisfaction du Saint-Siège. C’est notamment entre ses mains que l’archevêque de Mayence, Diether, fit publiquement amende honorable, en 1463. Sous les