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Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 131.djvu/487

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APRÈS FORTUNE FAITE

QUATRIEME PARTIE (1)

XIV

Pendant les six mois que M. Trayaz avait passés en Amérique, les amours de Silvère étaient allées leur train, non sans beaucoup de contrariétés causées par les capricieuses jalousies du dragon qui détenait et gardait son bien, et dont il devait sans cesse acheter les complaisances ; mais s’il eut quelques accès d’humeur, il ne survint aucun de ces accrocs que souhaitait et prévoyait Mme de Rins. Il avait compris bien vite que M^" Verlaque entendait faire son éducation, qu’elle lui ferait payer cher son bonheur, qu’il ne le posséderait qu’à titre onéreux. Elle lui avait exposé dès les premiers jours son code des bienséances et représenté que, le mariage devant avoir lieu dans dix mois, il pouvait se produire des incidens fâcheux ; qu’il fallait compter avec les refroidissemens, les repentirs qui amènent les ruptures ; que partant il devait s’abstenir non seulement de toute démarche qui risquerait de compromettre sa fille, mais de ces assiduités qu’on remarque, et elle le pria de mettre quelque intervalle entre ses visites. En lui dictant ses règles de conduite, elle semblait lui dire : « Si vous manquez à une seule de nos conventions, marché nul I » Mkis en même temps elle lui donnait à entendre qu’il ne tenait qu’à lui d’obtenir par sa bonne conduite qu’elle se relâchât de ses sévérités et tempérât la rigueur de la loi. Bref, on ne se

(1) Voyez la Revue des 15 août, 1er et 15 septembre.