Une erreur de tact : ainsi sont appréciées, dans certains cercles diplomatiques, les solennités romaines du 20 septembre. Les pages qui suivent ne seront point une ratification de ce jugement, moins encore une réfutation; ce n’est pas ici le lieu de prendre parti pour l’Italie contre le Vatican, ou pour le Vatican contre l’Italie. Analyser ces fêtes, en débrouiller la complexité; décomposer cette vaste clameur qui se répercuta, plusieurs jours durant, du Janicule à la Porte Pie, et de la Porte Pie au Janicule; distinguer, dans ces parades, les acteurs et les comparses; jeter un regard, aussi, dans les sphères où l’on boudait et dans celles où l’on souffrait; expliquer enfin quel sens a pris l’anniversaire du 20 septembre et quelles conséquences en peuvent être augurées : c’est là tout ce qu’on s’est proposé, en observant les solennités romaines; et l’on ne se propose rien de plus, en les commentant.
Il est une formule, volontiers répétée par la presse officieuse de l’Italie, et qui fournit comme une clef d’introduction dans l’histoire contemporaine de ce pays; elle définit le présent état de choses, « une alliance entre la monarchie et la démocratie ». Devenue maîtresse de toute l’Italie, la maison de Savoie a continué de laisser marcher devant elle, comme au temps où elle n’était encore que prétendante, une avant-garde de tirailleurs qui se flatte de symboliser la nation et qui fièrement s’intitule « la démocratie italienne ». Voilà bientôt quarante ans qu’entre la monarchie et cette avant-garde un dialogue à demi-voix s’est engagé, dans lequel, de part et d’autre, on ne dit que la moitié de ce qu’on