Crispi. Il n’importe; les nobles Italiens auxquels nous voulons rendre hommage passaient condamnation sur cette substitution de signatures; ils prenaient l’Italie telle quelle, achevée par les sectes, et la voulaient faire baptiser. Ils se consolaient de n’en avoir pas été les pères s’ils en pouvaient être les parrains. Ils croyaient avoir, au Parlement même, un certain nombre d’alliés, qui d’ailleurs se cachaient dans le rang et se laissaient ignorer. Ils se plaignaient que la conduite actuelle du Saint-Siège, propice aux intérêts religieux dans l’univers, portât préjudice à la vitalité chrétienne en Italie. Ils représentaient que la maison de Savoie compte un saint parmi ses ancêtres, et que scrupuleusement, malgré l’ingratitude des circonstances, elle se comporte comme une famille catholique. Pour leur œuvre, ils attendaient le concours du Roi ; ils travaillaient à arracher celui du Pape ; ils priaient, surtout, pour obtenir celui de Dieu. Le 20 septembre 1895 restera pour eux une journée de deuil. Sur leurs espérances, quatre-vingts étendards des sociétés secrètes ont projeté la plus épaisse des ombres; de multicolores affiches ont célébré l’Italie une comme le porte-drapeau de je ne sais quelle impiété internationale, et derrière ces prétentions le monde officiel s’est comme relégué au second plan.
Par une merveilleuse destinée, Rome n’a jamais été, d’une façon plus complète et plus adéquate qu’aujourd’hui, la capitale et le résumé de l’univers. C’est de Rome que divergent, et c’est à Rome que refluent les deux courans d’idées entre lesquels oscille notre humanité. Le catholicisme, type de la religion organisée, garde son siège à Rome ; et l’irréligion organisée revendique Rome comme son bien. La Ville Eternelle offre un sanctuaire au Vicaire de Dieu; elle offre un sanctuaire, aussi, à « la conscience de l’humanité nouvelle », comme dit M. Giovanni Bovio. Demain le Pape y peut tenir un concile; hier au palais Borghèse, pour prendre acte de l’anniversaire, la « maçonnerie universelle », officiellement, en tenait un. Christ et Antéchrist si vous parlez la langue de l’Eglise, obscurantisme et progrès si vous parlez une autre langue, ont leur quartier général sur le sol, passablement nivelé, des sept collines. Garibaldi, chevauchant sur le Janicule, est entouré de deux femmes qui lui rendent hommage : l’une représente l’Europe, l’autre l’Amérique : elles symbolisent un règne universel, qu’exercerait le grand aventurier. Il paraîtrait que l’occupation de Cosmopolis fut d’une portée cosmopolite. C’est bien ce que pensaient les catholiques depuis un quart de siècle ; mais ils manquaient de documens pour le prouver. On vient de leur en fournir, abondamment. La population romaine a été