Je voudrais essayer de définir brièvement la doctrine artistique de Richard Wagner telle qu’il l’a conçue et énoncée lui-même, ou du moins qu’elle se dégage pour moi de l’étude attentive de tous ses écrits. Mais avant tout, je dois prévenir le lecteur que ce que j’entends par la doctrine artistique de Wagner ne consiste ni dans une certaine tendance musicale, ni dans un système d’art précis et combiné de toutes pièces. Wagner, d’ailleurs, ne se faisait pas faute de railler la soi-disant tendance wagnérienne. « Ce que peut bien être ma tendance, écrivait-il dans les dernières années de sa vie, c’est ce que je ne suis jamais parvenu à découvrir. » Il conseillait aux jeunes musiciens « d’éviter toutes les Écoles, et en particulier l’École wagnérienne. » Et pour ce qui est de son système, il s’en est expliqué en termes très nets, dans la conclusion du plus considérable de ses écrits, Opéra et Drame: « Celui qui a compris mon livre de telle sorte, dit-il, qu’il a cru que je voulais y exposer un système arbitrairement inventé, et devant désormais servir de modèle, celui-là, sans doute, n’a pas voulu me comprendre. »
La doctrine artistique de Richard Wagner ne consiste pas non plus dans une série de réformes et d’innovations techniques. Certes l’œuvre de Wagner est riche en leçons de technique, et pour le musicien, et pour le poète, et pour le dramaturge. Mais, comme le dit encore Wagner, « il ne faut parler de technique qu’entre gens du métier : le laïque ne doit pas avoir à s’en occuper. » La