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L’INSTITUT DE FRANCE




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Déjà l’Institut compte un siècle !… la durée
Au plus vieux des vivans ici-bas mesurée :
L’âme cent ans au plus reste fidèle au corps.
Ainsi les fondateurs de l’œuvre séculaire
N’ont vu cfue le lever du grand jour qui l’éclaire ;
L’hommage à ce qui dure est un hommage aux morts.

Salut donc ! gloire à vous ! nos aïeux de l’An Quatre,
Législateurs qui, las de briser et d’abattre,
Osiez en plein tumulte exalter les penseurs,
Les maîtres dans les arts qu’effarouche la guerre,
Imposer cette élite au respect du vulgaire,
Et rendre un sûr asile aux neuf divines Sœurs.

Ah ! vous aviez compris que les seules victoires
Exemptes de retours, de deuils expiatoires,
Les assauts à la nuit s’épuiseraient bientôt,
Si des esprits, sauveurs du savoir et du rêve,
Pour le Vrai, pour le Beau ne combattaient sans trêve,
Loin des bruits du forum et loin des camps… plus haut.

À leurs cultes divers ouvrant un même temple,
Depuis cent ans la France offre au monde en exemple,
Chez ces zélés chercheurs, le concert fraternel
Des seuls travaux humains dont le triomphe assure
À notre insigne espèce un rôle à sa mesure,
Et force l’Infini d’exaucer notre appel !