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plus simple ; elle est d’une complète correction. Rien ne nous oblige à communiquer les diverses clauses du traité aux puissances ; le traité lui-même porte que « le résident général sera chargé des rapports avec les agens des puissances étrangères. » Nous avons donc toute liberté de nous en tenir à la communication qui nous paraîtra résumer le mieux la situation nouvelle de l’île.

On s’est demandé quel serait celui des ministères français qui aurait la charge d’administrer Madagascar. Si l’on déclare hautement le protectorat, il en découle que c’est le ministère des affaires étrangères qui dirigera les affaires malgaches, comme il dirige déjà les affaires tunisiennes. Si, au contraire, objecte-t-on, Madagascar est déclarée possession française, ce serait, objectera-t-on, le ministère des colonies qui devrait en avoir l’administration. Cette conséquence n’est nullement nécessaire ; les affaires de Madagascar, même proclamée possession française, peuvent parfaitement ressortir au ministère du quai d’Orsay ; il suffirait de modifier légèrement le titre d’une des directions de ce département et de l’intituler : direction des protectorats et des possessions diverses. Ce mot de possession est employé depuis longtemps chez nos voisins, dans la langue politique, en opposition au mot de colonie. Ainsi l’Inde n’est jamais qualifiée en Angleterre de colonie, mais toujours de possession, ce qui n’enlève rien à l’absolue souveraineté de la Grande-Bretagne sur cette dernière contrée[1]. Nous comprenons que l’on éprouve quelque défiance à l’endroit du ministère des colonies ; nous-même, si dévoué que nous soyons à l’expansion coloniale de la France, dont nous avons quelque droit de dire que nous avons été l’un des promoteurs, nous avons souvent déclaré que l’institution d’un ministère des colonies avait été prématurée et que ce rouage était plus dangereux qu’utile.

Voilà donc la solution trouvée, très simple, très nette, décisive et définitive : Madagascar est déclarée possession française, et le traité avec les Hovas est ratifié comme régime intérieur. Les mots confus et équivoques d’annexion et de protectorat sont éliminés.

Si l’on adopte ce procédé, les difficultés disparaissent ; Madagascar est à nous et bien à nous ; les Français et leurs produits sont traités à Madagascar comme nationaux ; d’autre part, nous

  1. Le document officiel anglais qui rend compte annuellement de tous les faits concernant les dépendances britanniques est intitulé : Statistical abstract for the several colonial and other possessions of the United Kingdom. Les possessions sont ainsi distinguées des colonies ; mais le droit de la métropole est aussi complet sur les unes que sur les autres.