qu’il occupe, on ne peut plus dire, comme autrefois, qu’il est apporté par les vents du désert du Sahara ou du Soudan jusqu’en Algérie. M. Künckel s’est élevé de toutes ses forces contre l’opinion qui érigeait en principe que tous les criquets migrateurs venaient invariablement du sud. Partout où il alla examiner les terrains où des pontes s’étaient effectuées, il constata qu’ils étaient placés dans des situations identiques, entre les montagnes qui limitent les Hauts-Plateaux sur des points en apparence presque dénudés, mais en réalité revêtus de quelques plantes clairsemées. Sur les terrains de Batna, sur ceux d’Ain-M’lila, M’sila, du Bordj Redir et bien d’autres, il vit les jeunes criquets descendre des hauteurs en colonnes serrées pour envahir les cultures.
L’insecte fléau, le Stauronotus Maroccanus, est donc une espèce autochtone, tout à fait indigène. Les Algériens savent désormais où est leur ennemi, d’où il guette leurs récoltes. Dans de telles conditions, il nous semble qu’il doit leur être facile d’en triompher, s’ils continuent à persévérer dans l’emploi des méthodes de prévision, dont nous parlerons plus loin.
L’effroyable fécondité des sauterelles avait bien été constatée et leurs pontes suivies avec intérêt par de nombreux sa vans, mais très peu s’étaient inquiétés d’étudier les moyens mécaniques, vraiment surprenans, dont usent les femelles pour enfoncer dans le sol, même le plus compact, le dépôt de leurs œufs ; ils s’étonnaient, non sans raison, de la facilité et de la rapidité de l’opération, sans soupçonner l’ingéniosité des procédés mis en œuvre.
« Tous les naturalistes admettent, nous dit M. d’Herculais, que les deux paires de pièces de l’armure génitale transformée sont les instrumens de perforation ; ceux-ci croient qu’elles fonctionnent comme quatre pioches, ceux-là prétendent que, mises en jeu par des muscles qui les écartent et les rapprochent alternativement, elles agissent comme des outils perforans ; pour quelques-uns elles constituent une tarière qui, actionnée par des demi-rotations de l’abdomen dans un sens, puis dans l’autre, s’ouvre à chaque demi-révolution. Plusieurs reconnaissent bien, les figures qu’ils donnent en font foi, que l’abdomen s’allonge lors de la ponte ; mais ils supposent a priori qu’il se distend par un effort musculaire. »
Voici, d’après M. d’Herculais, la façon bien intéressante dont se produisent les pontes :
« Solidement cramponnées a l’aide de leurs pattes antérieures