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Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 132.djvu/595

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LA LUTTE
CONRE
LE SOCIALISME REVOLUTIONNAIRE

Le trait saillant de notre état actuel, c’est l’assaut donné à la société par les partis qui se disent radicaux, socialistes et anarchistes. Journaux de tous formats, revues de toutes couleurs, réunions populaires, associations et syndicats révolutionnaires, sacrifices pécuniaires, collectes, tout ce qu’une presse ardente et un parti résolu peuvent mettre en œuvre nous donne l’impression d’une armée opérant un vaste mouvement, avançant méthodiquement et se préparant à un effort décisif.

Ce fait mérite en lui-même l’attention de tous ceux qui observent ; mais il ne dépasserait pas la mesure des phénomènes d’activité qui frappent dans les pays libres, il ne serait pas plus extraordinaire que l’organisation des démocrates de l’autre côté de l’Atlantique ou des libéraux au-delà de la Manche s’il correspondait à une organisation semblable des autres partis.

Malheureusement il n’en est pas ainsi. S’il arrivait au voyageur entrant en Angleterre de voir sur les murs les appels des radicaux, de lire les violences de leurs journaux, d’entendre les orateurs de leurs réunions, de noter à chaque jour, à chaque heure, leurs menaces, sans qu’en face d’eux, à d’autres heures, mais pied à pied, d’autres meetings, d’autres orateurs, d’autres journaux lissent appel aux conservateurs ; si, en un mot, dans l’arène des partis, n’apparaissait qu’une seule couleur, un seul champion ; si, au lieu d’une lutte, il n’y avait qu’une phalange d’assaillans, le voyageur serait pris de crainte, et nous rapporterait sur l’avenir prochain de la Grande-Bretagne les plus lamentables pronostics