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Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 132.djvu/603

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de la France et quel problème s’impose à l’heure actuelle aux financiers ? Deux phénomènes contradictoires se heurtent et nous menacent : une réduction régulière du taux de l’intérêt, entraînant une diminution correspondante de tous les revenus privés, et en même temps une augmentation d’année en année des contributions publiques !

Et en pleine crise, tout l’effort de ces novateurs consiste à réduire l’initiative des citoyens, c’est-à-dire leur faculté de produire à l’heure où ils augmentent leurs charges ! Ils paraissent oublier que le Français paie déjà plus d’impôts qu’en aucun pays civilisé, qu’en augmentant les taxes on tue l’industrie, que la dette publique est de 33 milliards, que l’amortissement annuel est insignifiant, tandis que les Etats-Unis amortissent 500 millions par an.

Le radicalisme, avant-coureur du socialisme, menace donc tous nos intérêts matériels : revenus fonciers, propriété mobilière, fortune privée ou publique, tout est visé par les propositions actuellement soumises aux Chambres par les députés radicaux.

Que dire de nos intérêts moraux ? Des efforts accomplis pour affaiblir la famille, qui est le fondement de la société, le mariage, qui en est le lien ? de l’éducation de l’enfant qu’on propose d’enlever à la liberté du père ? du monopole de l’éducation qu’on voudrait relever au profit de l’Etat pour modeler l’esprit de l’enfant en le jetant dans un moule uniforme ? des théories abominables que la témérité d’un conseil municipal sans contrôle a pu mettre en pratique, comme l’éducation sans préjugés qui convient à l’avenir ?

Que penser d’un parti qui a une si misérable conception de la liberté de conscience, qu’il se plaît particulièrement aux querelles religieuses ? Dans notre société où chacun est libre de croire, le radical, se faisant persécuteur, veut déraciner la foi ; il trouve devant lui un traité de paix, le Concordat : il a hâte de le rompre pour être libre de transformer en guerre ouverte la lutte sourde où il se complaît.

Ainsi, partout, dans le domaine de la conscience comme dans le cercle des intérêts matériels, la compression, la haine, la guerre, voilà le programme d’un parti qui ne se distingue plus aujourd’hui du socialisme que pour frayer plus habilement sa voie et préparer plus sûrement son triomphe.

A la violence des idées ne tarde pas à répondre la violence des actes. Une campagne de haine aussi déchaînée devait amener des crimes : des assassinats ont été commis. Les coupables, fanatisés, se sont érigés en soldats d’une cause. Les argumens des