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voudra et le porter aujourd’hui avec le fragment de préface. Carrel mettra tout. Carrel veut en outre un grand article politique pour un de ces jours sur l’affaire. Vous savez que c’est Odilon Barrot qui plaidera pour moi : venez me voir.

Voici quelques lignes pour le Journal des Débats, qu’un de nos amis m’a fait (sic) hier au soir. Elles sont en trop grosses lettres, ce qui serait ridicule. Vous ferez bien de les recopier et de les porter tout de suite.

Tout à vous,
VICTOR H.


Aux Débats, au National - et ailleurs. Car durant les trois semaines qui s’écoulèrent entre l’arrêté ministériel et le jugement commercial, de petites notes bien senties plurent dans les bureaux de rédaction, et les feuilles de l’opposition négligeaient la guerre et le siège d’Anvers pour publier des réclames dans le goût de celle-ci : « Le Roi s’amuse, drame de M. Victor Hugo, dont les représentations ont été défendues par ordre du ministre, paraîtra lundi sans remise à la librairie d’Eugène Renduel. On assure que plus de mille exemplaires sont retenus d’avance. »

Deuxième lettre, du lundi 3 décembre :


Voyez Sainte-Beuve et les journaux.

Tâchez, mon cher éditeur, de venir demain à dix heures, déjeuner avec moi. J’ai mille choses importantes à vous dire. Il faudrait que nous allassions ensemble chez votre agréé pour que l’assignation au théâtre soit donnée dès demain. Tout cela est convenu avec Odilon Barrot, que j’ai vu ce matin.

Apportez-moi en même temps :

Un exemplaire du Roi s’amuse, un exemplaire de N.-D. de Paris, pour Bernard de Rennes qui s’est si puissamment entremis dans l’affaire.

Un exemplaire du Roi s’amuse, un exemplaire de Marion de Lorme, pour Odilon Barrot.

Je crois que nous allons faire un bruit du diable.


La troisième et dernière lettre est du lundi 17 décembre, avant-veille de l’audience.


C’est mercredi que je plaide.

Je crois, mon cher éditeur, qu’il est important pour vous, pour moi, pour le retentissement du livre et de l’affaire, que la chose soit énergiquement annoncée la veille par les journaux. Voici sept petites notes que je vous envoie, en vous priant d’user de toute votre influence pour qu’elles paraissent demain dans les sept principaux journaux de l’opposition. Vous ferez bien de les porter vous-même et d’en surveiller un peu l’insertion. Faites-en d’autres copies et ajoutez-y une ligne pour votre livre, si vous voulez. Je me repose de ceci sur vous, n’est-ce pas ? Vous comprenez combien c’est important. Répondez-moi un mot et venez donc dîner avec moi un de ces jours.

Votre ami,
VICTOR HUGO