insurrectionnel de Bologne. Ni les prières, ni les menaces, ni les refus d’argent n’ébranlèrent les jeunes exaltés. Aux appels éplorés, ils ripostaient par des fanfares de jeunesse : « Nous sommes dans la plus grande joie de nous trouver au milieu de gens enivrés de patriotisme[1]. » - « Voici la première fois que je m’aperçois que je vis. Avant je ne faisais que végéter. Notre position est des plus honorables et des plus belles. L’enthousiasme ne fait qu’augmenter… Notre chagrin est de vous savoir inquiète, mais croyez que vous nous reverrez bientôt avec des lauriers, ou plutôt des branches d’olivier[2]. »
Le prince Louis, avec l’aplomb et l’expérience d’un vieux capitaine, enleva Civita Castellana. Dès lors Rome était à discrétion. Les insurgés en prévinrent le nouveau pape, Grégoire XVI, l’engageant à accorder les réformes qui seules pouvaient arrêter leur marche victorieuse. « On veut, disaient-ils, la séparation du temporel d’avec le spirituel. Que Grégoire XVI renonce au temporel, tous les jeunes gens, même les moins modérés, l’adoreraient et deviendraient les plus fermes soutiens d’une religion épurée par un grand pape et qui a pour base le livre le plus libéral qui existe, le divin Évangile. »
Le pape ne répondit pas. Au moment où ils allaient mettre la main sur Rome, les princes furent rappelés par le gouvernement révolutionnaire de Bologne et remplacés par le général Sercognani, qui avait pour instruction de ne pas attaquer Rome. Le gouvernement de Bologne cédait d’autant plus volontiers aux désirs de la famille qu’il redoutait les ombrages inspirés par le nom de Napoléon à Louis-Philippe, dont il espérait encore, sur les assurances de Lafayette, obtenir du secours.
Les princes offensés de ce rappel s’en plaignirent. « Ainsi on veut nous faire passer pour poltrons. Revenir à Florence, cela est de toute impossibilité. Qu’on nous fasse tous les torts imaginables, qu’on ne nous envoie pas d’argent, nous saurons nous en passer en vivant à la ration, et, au lieu d’être volontaires, nous serons sous les ordres du premier venu… Nous avons fait ce que nous devions et nous ne reculerons jamais. » Cependant ils obéirent. À Bologne ils se convainquirent que leur rappel était définitif. S’étant retirés à Forli, ils y furent saisis par une épidémie de rougeole. L’aîné y succomba et mourut « sans gloire quoique né pour la gloire[3] » (mars 1831). Hortense accourut, et par des prodiges de présence d’esprit et d’audace arracha à la