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REVUE MUSICALE

Théâtre de l’OPERA-COMIQUE : Xavière, idylle dramatique en trois actes, tirée du roman de M. Ferdinand Fabre, par M. Louis Gallet ; musique de M. Théodore Dubois.

Dans un village du pays cévenol abondant en châtaigniers, il y avait un bon curé. Et sa servante Prudence était une excellente fille. Tous deux avaient pris sous leur protection l’honnête Landry et la triste Xavière, qui s’aimaient d’un amour innocent et persécuté. Car méchante et dure à son enfant était Benoîte Ouradou, la mère de Xavière, et c’était un vilain homme que le père de Landry, le maître d’école Landrinier. Les deux mauvais parens se voulaient marier ensemble, et, Xavière ayant quelque bien, ils résolurent sa mort. A cet effet ils la précipitèrent du haut d’un châtaignier où elle était montée pour faire la récolte. Mais, selon les lois heureuses de l’opéra-comique, Xavière ne se fit que peu de mal et le bon curé la recueillit, ainsi que Landry, au presbytère. La criminelle tentative avait eu des témoins ; le mauvais père quitta le pays, et la mauvaise mère, ayant montré du repentir, fut pardonnée.

On voit par où ce sujet, tout à l’honneur du clergé de la campagne, tout à la honte des instituteurs laïques, convenait plus qu’aucun autre à ce qu’il y a de conservateur, et presque de réactionnaire, dans le très estimable talent de M. Théodore Dubois.

Notre musique aujourd’hui ressemble à l’antique Janus. Elle a deux visages : l’un tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir. M. Dubois regarde volontiers derrière lui. Il se souvient plutôt qu’il ne devine ou ne devance. Il est moins hardi que fidèle, mais je préfère de beaucoup sa modestie à certaines témérités. Si l’on ne faisait généralement dire à ce mot le contraire de ce qu’il veut dire, je parlerais volontiers du « tempérament » de l’auteur de Xavière, car sa pensée et son style ont quelque chose de tempérant et de juste, de sage et de vertueux.