son éducation militaire. En 1791 le gouvernement de la république le réforme. Il quitte son régiment, s’embarque pour Toulon. Là il veut avoir un passeport. À la municipalité de Toulon, se tient debout un jeune homme qui décline son nom : « Auguste, dit-il. — Et celui de votre père ? — Georges. — Et son métier ? — Roi d’Angleterre. — F… métier, » réplique le maire sans se déranger. Ce maire, dit Saporta, savait bien à qui il parlait, mais il était comme beaucoup de gens d’aujourd’hui auxquels toute occasion est bonne d’étaler la « pureté » de leurs sentimens politiques. Le chevalier de Cadolle passe par Paris, il écrit sur le petit Louis xvii des lignes émues ; de là il va en Belgique, puis à Coblentz rejoindre les officiers émigrés, qui se préparent à opérer une rentrée on France pour délivrer le roi. Saporta a peint avec des couleurs très vives les illusions d’une partie de la noblesse en 1792 : l’électeur de Trèves reçoit les émigrés et donne à sa cour de belles réceptions ; les Français y brillent ; tout est à la joie, à l’espérance d’un succès prochain. Dès les premières rencontres, on est battu, et le découragement est aussi fort qu’avait été l’illusion. On avait cru que les vides laissés par les officiers émigrés allaient désorganiser l’armée ; mais les hommes de haute naissance avaient été remplacés par des gens énergiques, ayant l’expérience du métier ; « ils avaient, dit Saporta, un esprit de corps et un courage qui doivent entrer en ligne de compte, lorsque l’on veut expliquer les premiers succès de la Révolution. » Le chevalier passe en Allemagne, en Italie, puis il reste à Malte quatre années, dont une bonne partie est consacrée aux caravanes ; il serait injuste d’oublier que ces caravanes ont été de grands bienfaits pour la civilisation ; on appelait ainsi des courses sur les vaisseaux de la Religion, obligatoires pour les jeunes chevaliers, en vue de la poursuite des corsaires turcs et barbaresques. Quand son service lui permet de séjourner à Malte, notre émigré passe ses soirées chez son parent le bailli de Mirabeau, le frère de l’ami des hommes et l’oncle de l’orateur. Il le soigne dans sa dernière maladie et lui ferme les yeux. Après avoir assisté à l’effondrement de l’ordre de Malte, il revient à Paris. On est en 1798 ; la sœur de Mirabeau, le comte de Vogué et la duchesse de Choiseul l’introduisent dans les salons qui recommencent à s’ouvrir.
Comme président de l’Académie de la ville d’Aix qui a produit tant d’hommes célèbres et qu’on a surnommée l’Athènes du Midi, Saporta a prononcé plusieurs discours où l’on trouve plus d’une page remarquable. Celui de l’année 1894 sur les Portraits historiques est une œuvre particulièrement fine et originale. Dans beaucoup de familles, dans celles surtout qui ont