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rion, qui n’est pas seulement un éminent zoologiste, mais possède aussi des connaissances étendues en botanique.

Il serait difficile de donner le résumé de chacune de ces publications, car à moins de regarder soit les échantillons d’après lesquels elles ont été composées, soit leurs figures, on ne saurait y trouver agrément et profit. L’étude de la nature ne se fait bien qu’avec la nature elle-même. Mais nous pouvons passer rapidement en revue l’histoire du monde végétal en notant les points sur lesquels les travaux de Saporta ont jeté le plus de lumière. Aussi bien est-ce la meilleure manière de juger l’œuvre de ce naturaliste qui a toujours eu pour but la synthèse du monde organique. « La paléontologie végétale, a-t-il écrit, est une science nouvelle, dont les témérités mêmes sont faites pour attirer les regards… Les formes innombrables que la Nature distribue avec une originalité pleine de contrastes ont-elles apparu toutes à la fois, se sont-elles au contraire introduites successivement, et alors dans quel ordre, par suite de quelles circonstances leur a-t-il été donné de se produire et de se perpétuer ? »

Pour répondre à cette question, Saporta a fouillé passionnément les couches terrestres ; tous ses écrits portent la marque de son enthousiasme pour les révélations de l’histoire du monde passé : « Les fossiles, dit-il, sont les phrases éparses du vieux livre de la Nature. Si l’on s’attache à les déchiffrer, on oublie bien vite la singularité des caractères et le mauvais état des pages. La pensée se lève, la tombe laisse échapper ses secrets. »

On n’a eu d’abord que des matériaux insuffisans, c’étaient surtout des feuilles. Lorsque Saporta publia ses premiers aperçus, nos professeurs du Muséum, Brongniart et Decaisne, qui avaient pour lui une grande estime, le trouvaient cependant audacieux dans ses déductions et jugeaient qu’il est difficile d’établir l’histoire du monde végétal en se fondant sur des genres et des espèces connus seulement par les dispositions des nervures des feuilles. Mais aujourd’hui, grâce aux échantillons innombrables, tiges, rhizomes, fleurs, fruits, qui ont été rassemblés, certaines plantes fossiles sont déterminées avec presque autant de certitude que les plantes vivantes. Pour s’en convaincre, on peut parcourir les atlas de Saporta ; on fera bien aussi de consulter le grand ouvrage de l’ancien professeur de Strasbourg, Schimper, intitulé : Traité de paléontologie végétale. Saporta a dit : « La science des plantes fossiles doit à Schimper sa principale illustration. Avant que la perte de sa nationalité fût venue briser ses forces et précipiter sa fin, il réussit à élever à la paléontologie végétale un véritable monument. » Les plantes primaires elles-mêmes commencent à être