bien connues ; Saporta a payé un large tribut d’admiration aux travaux de MM. Grand’Eury, Bernard Renault, Zeiller. Le premier a découvert dans les mines de Saint-Étienne des arbres presque entiers, de sorte qu’on ne risque plus, comme autrefois, de rapporter les racines de ces arbres à un genre, la tige à un autre, les feuilles à un troisième. M. Bernard Renault a fait des anatomies étonnantes des végétaux houillers et permiens ; il a trouvé dans les roches silicifiées d’Autun de jeunes bourgeons floraux renfermant des rudimens de graines, des corpuscules dans l’endoderme de graines plus développées, des anthères contenant des grains de pollen, des spores en voie de formation dans leur cellule mère : des coupes de bois laissent voir les détails anatomiques les plus fins : vaisseaux rayés, ponctués, aréoles, trachées déroulables. « À certains égards, dit M. Bernard Renault, les fossiles sont plus avantageux pour l’étude que les plantes conservées en herbier, car les organes délicats de ces dernières ne retrouvent jamais, quand on essaie de les ramollir, le volume et la forme que la dessiccation et la compression leur ont fait perdre. » À l’étranger comme en France, les plantes fossiles ont été l’objet d’importantes recherches. On peut donc aujourd’hui tâcher de se faire quelque idée du mode de formation du monde végétal.
L’étude des plantes dans les temps géologiques révèle un développement progressif. L’ère primaire a vu le règne des cryptogames, c’est-à-dire des plantes où les organes de fécondation ne sont pas apparens. L’ère secondaire a été caractérisée par les phanérogames gymnospermes, chez lesquels, ainsi que leur nom l’indique, les organes de fécondation sont visibles, mais à nu, sans enveloppes florales ; à nu sont aussi leurs graines ; elles ne sont pas enfermées par des carpelles qui constituent des fruits. Enfin dans l’ère tertiaire se multiplient les angiospermes ; leurs graines sont protégées dans des fruits délicieux : autour de leurs étamines et de leurs pistils se développent des pétales qui ont de magnifiques couleurs : « La nature devenue opulente, a dit Saporta, a rougi de sa nudité ; elle s’est tissé des vêtemens de noce ; pour cela elle a su assouplir les feuilles les plus voisines des organes fondamentaux, elle les a transformées en pétales ; elle en a varié la forme et le coloris. »
Ces changemens ne se sont pas opérés brusquement. Dans l’ouvrage qu’il a publié avec M. Marion sur l’Évolution du règne végétal, Saporta admet : un stade cryptogame représenté par les Fougères, les Lycopodiacées, etc. ; un stade progymnosperme marqué par les Sigillaria, les Calamodendron, les Cordaïtes ; un stade gymnosperme, c’est celui des Conifères et des Cycadées ;