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un stade métagymnosperme caractérisé par les Gnétacés ; un stade proangiosperme qui est le point de départ des Monocotylées et des Dicotylées ; enfin le stade angiosperme, couronnement du règne végétal. Saporta et M. Marion ne supposent pas seulement des passages entre les plantes ; ils pensent qu’à leurs débuts les plantes ont pu être moins éloignées des animaux. Ils fondent leur opinion sur ce fait que l’élément mâle (anthérozoïde) des cryptogames, qui sont les plus anciens végétaux, a des cils vibratiles et rappelle par sa motililé les spermatozoïdes des animaux.

S’il était constaté depuis longtemps que les Cryptogames caractérisent l’ère primaire, on n’avait pas de preuves qu’ils y fussent représentés par leurs groupes les plus inférieurs. Or la croyance à l’évolution exige que les végétaux les moins élevés se trouvent dans les terrains les plus anciens. M. Bernard Renault depuis quelque temps a entretenu l’Académie de découvertes qu’il a faites de microbes dans les terrains houillers et permiens. Un jeune préparateur de l’École des mines, M. Cayeux, vient de découvrir des radiolaires en Bretagne dans le Précambrien, c’est-à-dire dans le plus ancien terrain fossilifère ; il n’y a aucune raison pour qu’on n’y rencontre pas aussi les végétaux les plus inférieurs.

L’intérêt qui s’attache aux organismes primaires a porté Saporta à étudier les empreintes que l’on désigne sous le nom collectif d’empreintes problématiques. Ces empreintes, notamment celles que leur division en deux lobes a fait appeler Bilobites, ont beaucoup préoccupé les géologues. Elles abondent dans les couches siluriennes de la Bretagne et de la Basse-Normandie. Nous en avons au Muséum une curieuse collection formée par le géologue-perruquier de Rennes, Marie Rouault, qui fut un chercheur très primesautier. L’habile explorateur de la Mayenne, M. Œhlert, m’en a fait voir de fort belles aux environs de Laval. C’est aux Bilobites que se rapportent les prétendus pas de bœufs de Vaux-d’Aubin dans l’Orne ; à côté se trouvent les Tigillites, surnommés les trous de la canne de l’homme à la calotte rouge ; d’après une légende, ces Tigillites seraient les trous formés par la canne de l’homme qui conduisait les bœufs dont les pas auraient formé les empreintes. Il fallait quelque courage pour tenter d’expliquer ces incompréhensibles fossiles, car on risquait beaucoup de se tromper. Saporta en France, M. Delgado en Portugal, ont publié chacun un grand ouvrage sur les Bilobites, accompagné de planches magnifiques. Ils ont cru que c’étaient des plantes voisines des algues. En cela ils se sont trompés. Un savant suédois, M. Nathorst, faisant marcher des animaux sur le sable, et