Le mouvement de rétrogradation commence en Italie par celui qui avait lancé le mouvement d’expansion, par Pie IX. Sa popularité reposait sur une équivoque. On s’obstinait à voir en lui un politique libéral, alors qu’il était avant tout un prêtre. « Brisez mon frère en mille morceaux, disait le comte Mastaï, de chacun de ces morceaux sortira un prêtre. » « Il est plein de gaieté, écrivait Minto à Palmerston, en dépit de ses prévisions sur les dangers du pays, parce qu’il a récupéré une tête de saint sacrilègement volée. » C’était donc une erreur de croire qu’il seconderait l’action agressive de Charles-Albert contre l’Autriche. On l’espérait néanmoins si généralement qu’il se crut obligé de dissiper cette chimère dans une allocution du 29 avril 1848. Il regrettait l’abus qu’on faisait de son nom. Vicaire du Dieu de paix, il ne pouvait faire la guerre à qui que ce soit. Si quelques-uns de ses sujets s’étaient engagés parmi les combattans, c’était malgré lui, parce qu’il n’avait pu l’empêcher ! L’Italie répond à ces désaveux par des fureurs et des malédictions. Vainement le souverain pontife, pour corriger cet effet d’impopularité, confie-t-il son ministère au patriote éprouvé Mamiani et écrit-il à l’empereur d’Autriche (3 mai) pour le supplier de renoncer à reconquérir par la force les Lombards et les Vénitiens décidés à repousser sa domination (6 mai), les colères ne s’apaisent pas, et, en un jour, de Guelfe qu’elle était, l’Italie entière devient Gibeline. Gioberti donne l’exemple. Il considère désormais comme malaisé que le gouvernement temporel de l’Eglise puisse longtemps subsister, surtout dans les provinces qui supportent difficilement le joug des prêtres et qui s’étaient difficilement réconciliées avec Pie IX. Il entrevoit que Rome restera isolée et que les autres parties de l’état ou se grouperont ensemble ou se rattacheront au royaume d’Italie.
La contre-révolution de Naples suit l’abandon, par Pie IX, de la guerre nationale (15 mai).
Le pape essaie de parer aux difficultés toujours grandissantes de la situation, en confiant ses affaires, malgré l’opposition malséante et mesquine du gouvernement du général Cavaignac, à un des hommes les plus éminens du siècle, Rossi. Mais Rossi est assassiné. Il traversait rapidement, selon son habitude, le chemin qui, du centre de la cour de la chancellerie tournant à gauche, conduisait à la salle des séances des députés ; la foule l’entoure, le presse, et il reçoit un coup de poignard au cou qui le laisse mort sur la place. Le soir, une bande hideuse parcourt les rues, torches en main, outrageant la victime et glorifiant l’assassin ; le lendemain, elle se rend au Vatican réclamant le ministère démocratique et la Constituante italienne.