auteur de Colomba montre son âme profondément italienne[1] ; le duc de Persigny, enthousiaste de l’indépendance italienne au point que, dans la diplomatie française, on l’accusait presque de se rendre complice inconscient des intrigues ourdies par lord John Russell contre l’influence de la France ; tout le groupe des Bonaparte de la branche de Lucien, dont l’un, Pierre-Napoléon, avait, à l’âge de seize ans, livré un combat homérique aux carabiniers du Pape ; dont l’aîné, Charles, prince de Canino, homme doué de très remarquables talens et d’une grande chaleur d’âme, avait tenu avec éclat la vice-présidence de l’assemblée constituante de la république romaine en 1849 ; enfin le prince Napoléon (Jérôme) qui, peu de temps avant sa mort, manifestant à l’auteur de ces pages son exaspération contre la politique allemande du gouvernement du Quirinal, ajoutait : « J’ai le droit de dire tout haut ma pensée aux Italiens, car, si l’Italie s’est faite, ils me le doivent en grande partie ; en réalité, moi j’entraînais l’empereur et l’empereur entraînait la France[2]. »
A côté de ce milieu français favorable à l’Italie, il y avait aussi un élément italien, toujours très bien accueilli aux Tuileries, et dont l’incessante action se faisait sentir. Entre tous doit être mentionné le comte Francesco Arese, l’ami de jeunesse, avec qui le fils de la reine Hortense, dans les solitudes d’Arenenberg et dans sa vie d’exilé en Amérique, avait fait des rêves de revanche française et d’affranchissement italien. A rappeler aussi le comte Vimercati, attaché militaire de la légation sarde, patriote ardent, esprit libéral et ami sincère de la France, tout en étant un agent dévoué du cabinet de Turin auprès de la famille impériale, dont il était le très intime et très assidu commensal. Enfin commençait à compter beaucoup le brillant et insinuant envoyé du comte de Cavour, M. Nigra, avec sa phalange de jeunes et aimables secrétaires, s’appliquant à gagner tous les cœurs à la cour comme à la ville, — phalange peu après complétée par le sympathique ambassadeur du roi Humbert, dont le rappel a récemment excité de si honorables regrets à Paris, et que, dans les salons de la haute société impérialiste de ce temps-là, les dames appelaient communément « le beau Ressman ». Tous ces personnages, vivant plus ou moins près de l’empereur, constituaient autour de lui une sorte d’atmosphère morale où il ne puisait que des impressions propres à l’encourager et à le fortifier dans son penchant naturel en faveur de l’Italie. Dans la sphère plus large où la question italienne