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LE REGIME DIRECTORIAL
D'APRES DES DOUCMENS INEDITS

« Les cinq Directeurs, ne prétendaient point être des hommes de génie ; mais nous étions sûrs d’être des hommes de tête et de cœur, éprouvés dans les périls de la guerre et de la Révolution. Nous pouvons encore les regarder en face ! disions-nous ; et nous jurions de vaincre ou de mourir. Je vais rapporter ce que nous avons fait ou tenté successivement pour rendre à notre pays l’ordre, la paix et la liberté… »

Ainsi parle Barras[1]. C’est donc bien une apologie du Directoire que l’ex-Directeur a prétendu composer dans ses Mémoires, dont les deux premiers volumes sont déjà connus du public. Barras a-t-il réussi à réhabiliter le gouvernement quelque peu décrié dont il a fait partie ? Ou bien, au contraire, ne nous aurait-il, sans le vouloir, fourni qu’un nouveau témoignage contre ce régime qu’une ironique destinée a placé, — comme pour le mieux accabler par la comparaison du voisinage, — entre la grandeur tragique de la Convention et la glorieuse, la réparatrice période du Consulat ? C’est ce que va nous apprendre l’étude de la seconde partie des Mémoires de Barras[2].


I. — LA DISCORDE DANS LE GOUVERNEMENT

Dès les premiers mots, la profondeur des divisions qui travaillent ce gouvernement nous est révélée. Trois des Directeurs,

  1. Mémoires de Barras, t. II, p. 3.
  2. Cette seconde partie, qui doit prochainement paraître à la librairie Hachette, se compose de deux volumes : tome III : le Directoire, du 18 Fructidor au 18 Brumaire, tome IV et dernier : Consulat, Empire, Restauration jusqu’à 1828.