« Les cinq Directeurs, ne prétendaient point être des hommes de génie ; mais nous étions sûrs d’être des hommes de tête et de cœur, éprouvés dans les périls de la guerre et de la Révolution. Nous pouvons encore les regarder en face ! disions-nous ; et nous jurions de vaincre ou de mourir. Je vais rapporter ce que nous avons fait ou tenté successivement pour rendre à notre pays l’ordre, la paix et la liberté… »
Ainsi parle Barras[1]. C’est donc bien une apologie du Directoire que l’ex-Directeur a prétendu composer dans ses Mémoires, dont les deux premiers volumes sont déjà connus du public. Barras a-t-il réussi à réhabiliter le gouvernement quelque peu décrié dont il a fait partie ? Ou bien, au contraire, ne nous aurait-il, sans le vouloir, fourni qu’un nouveau témoignage contre ce régime qu’une ironique destinée a placé, — comme pour le mieux accabler par la comparaison du voisinage, — entre la grandeur tragique de la Convention et la glorieuse, la réparatrice période du Consulat ? C’est ce que va nous apprendre l’étude de la seconde partie des Mémoires de Barras[2].
Dès les premiers mots, la profondeur des divisions qui travaillent ce gouvernement nous est révélée. Trois des Directeurs,