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énumérées plus haut, l’Inde avait déjà développé son industrie cotonnière au point de compter 134 manufactures, 24 531 métiers, 3 351 674 broches, employant en moyenne par jour 111 000 personnes. La première manufacture date de 1854 ; on 1865, on en compte 13, toutes situées à Bombay et dans la présidence, et ce nombre reste stationnaire ; c’est en 1875 seulement que le mouvement s’accentue, — sous l’influence de la dépréciation de l’argent, pense lui aussi M. Brenier ; à partir de 1875 et surtout de 1881 ; le nombre des broches a plus que doublé de 1881 à 1891. L’exportation des cotonnades indiennes s’est élevée de 400 pour 100 en quinze ans, de 1877 à 1893, passant de 15 à 80 millions de yards (Brandt). Fait intéressant à noter, ajoute M. Brenier, la plupart de ces manufactures sont entre les mains de capitalistes indigènes. Certains petits princes indépendans… ne dédaignent pas de se faire industriels ou tout au moins de commanditer des filatures… Les grands intéressés sont les Parsees de Bombay… Les résultats financiers de ces entreprises justifient d’ailleurs aussi bien la vogue dont elles sont l’objet aux Indes que les inquiétudes qu’elles provoquent en Angleterre, car, d’après l’enquête faite par la Chambre de commerce de Manchester sur le développement de la concurrence industrielle de Bombay, elles ont donné des dividendes souvent énormes et toujours très beaux, 10 à 20 pour 100.

M. de Brandt constate que l’Institut colonial britannique a établi, dans une de ses réunions, les chiffres suivans : 67 filatures du Lancashire sont à présent en perte ; ces pertes se sont élevées à 411 000 livres sterling, soit à 10 millions de francs environ, tandis que 31 filatures japonaises, dans l’arrondissement consulaire de Osaka Yogo, ont donné de 28 à 8 pour 100, soit en moyenne 17 pour 100 de dividende. Ces 37 fabriques employant 5 780 ouvriers et 19 219 OUVRIERES, avec salaire moyen pour les hommes de 45 centimes et pour les femmes de 21 centimes par jour, les 21 centimes en argent, les quatre sous réduits à deux sous que nous connaissons.

Veut-on comparer, d’après une autre source encore, le mouvement des exportations des cotonnades de l’Inde et des cotonnades anglaises en extrême Orient en dix ans, de 1881 à 1891 ? Dans quelle effrayante proportion n’ont-elles pas augmenté en faveur des Indes, diminué au détriment de la métropole ? Voici ce tableau sommaire :

Exportation de colonnades.


1881 – liv. sterl. 1891 – liv. sterl.
De la Grande-Bretagne en Chine et au Japon 47 500 000 28 000 000
De l’Inde en Chine et au Japon 28 500 000 165 500 000