plusieurs seigneuries éparses dans la Maurienne, la Tarentaise et le Chablais, épousa la marquise Adélaïde de Turin, qui lui apporta en dot, avec Turin, Pignerol et Suse, les comtés de Saluées et de Mondovi.
La Maison de Savoie remonte à une date presque aussi reculée que la Maison de France, et l’un de ses plus éminens historiens a pu dire, non sans orgueil, qu’en 1024, c’est-à-dire à l’époque où Humbert aux Blanches mains, dont l’origine est demeurée un peu obscure, fondait cette Maison, les rois de France n’étaient guère de plus grands potentats que les comtes de Savoie[1]. Mais la fortune des deux Maisons fut, et devait jusqu’au bout demeurer singulièrement diverse. La Maison de Savoie est aujourd’hui la plus heureuse. Elle règne encore sur partie des États qui formèrent son berceau, et à ces États elle a su en ajouter d’autres. En revanche, son agrandissement a été autrement difficile et lent que celui de sa puissante rivale. Ces portiers des Alpes avaient deux portes : l’une s’ouvrait sur l’Italie, l’autre sur la Suisse et la France, et c’était tantôt par l’une, tantôt par l’autre, que leur humeur inquiète et ambitieuse faisait irruption. Avec Thomas, dit le Petit Charlemagne, ils acquéraient le Faucigny, s’étendaient dans le Chablais, mettaient la main sur le canton de Vaud et poussaient une pointe audacieuse jusqu’aux portes de Fribourg. Avec Amédée V, dit le Grand, ils s’enrichissaient, par mariage, de la Bresse et du Bugey. Avec Amédée VI, dit le Comte Vert, ils étendaient leur domination sur le pays de Gex. Mais avec Amédée VII, dit le Comte Rouge, ils acquéraient Nice, c’est-à-dire un port sur la Méditerranée. Avec Amédée VIII, le premier des neuf ducs, qui devait être pape sous le nom de Félix V, ils arrachaient Verceil et son territoire au duc de Milan. Sans doute toutes ces conquêtes ne demeurent pas entre leurs mains ; mais ce qu’ils perdent sur un versant des Alpes, ils le regagnent de l’autre. Battus du côté qui regardait la Suisse ou la France, ils se réfugient de l’autre côté des monts, in partibus Pedemontii, dit en 1245 la première charte où l’on rencontre le nom de Piémont. Battus en Piémont, ils se cantonnent en Savoie, demeurant ainsi toujours maîtres de l’une des entrées du défilé, et si, pendant cette longue rivalité entre la France et l’Espagne qui ensanglanta l’Italie, ils avaient le désagrément de voir leurs États occupés tantôt par l’un, tantôt par l’autre de ces redoutables adversaires, si en particulier, pendant trente-huit ans, de 1536 à 1574, Impériaux, Espagnols, Français, occupèrent le Piémont ensemble ou tour à
- ↑ Carutti, Storia della diplomazia della corte di Savoia.