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des déposans que dédaigneraient les grands établissemens de crédit. Le plus remarquable est que ce développement si rapide n’a nui d’aucune façon aux caisses d’épargne plus anciennes, car celle-ci ont vu leurs opérations s’accroître depuis que leur rivale est en activité. Quelques esprits timorés se sont inquiétés de voir les caisses d’épargne trop prospères ; ils redoutaient une prétendue hausse factice sur les fonds publics que produirait l’emploi de ces dépôts toujours placés en rentes de l’Etat français ; ils prétendaient surtout qu’une crise un peu grave, politique ou financière, provoquerait des demandes en remboursement si nombreuses que les caisses d’épargne n’y résisteraient pas. Ils ont obtenu le vote d’une loi restrictive qui est encore trop récente pour que l’on on puisse apprécier toutes les conséquences, mais dont les effets paraissent dès à présent assez limités. Ce n’est pas ici le lieu de s’étendre sur cette question qui mériterait un chapitre spécial.

Il existait sous l’ancien régime un monopole des messageries affermé le plus souvent en même temps que le monopole des postes ; l’Assemblée constituante conserva le second en en faisant un service d’Etat, et elle abolit le premier comme contraire au principe de la liberté du commerce et de l’industrie qu’elle venait de proclamer. Il ne paraît pas que le public ait, au début, beaucoup profité de la liberté de l’industrie en ce qui concerne les transports ; peut-être était-ce une conséquence de la misère des temps ; jusqu’à latin de l’Empire, il ne semble avoir existé qu’une seule entreprise, dénommée : Service général des messageries. Elle avait son siège à Paris, rue Notre-Dame-des-Victoires ; elle a continué son existence sous divers noms jusqu’à une époque relativement récente. Cette entreprise est mentionnée à l’Almanach national de l’an XII avec la rubrique suivante : « Le but de cet établissement est de présenter une « centralité » du service des messageries qui embrasse tous les points de la République, et qui, par sa consistance, sa régularité et son exactitude, offre au gouvernement et au public une sûreté qui puisse lui mériter la confiance qu’avaient les fermes et les régies qui l’ont précédé. Il y a un bureau de recouvrement chargé particulièrement du recouvrement des effets de commerce de Paris sur les départemens et des départemens sur Paris. » Les services n’étaient ni fréquens ni rapides. Ainsi une diligence partait de Paris pour Lille les jours impairs et restait trois jours et demi en route. Les départs étaient quotidiens pour Bordeaux et Lyon. Ces voitures transportaient, outre les colis de messageries, les voyageurs qui ne pouvaient trouver place dans les malles-poste, par raison d’économie ou