pieds sont assez écartés les uns des autres pour que des houes à cheval, ou encore, si la main-d’œuvre n’est pas chère, pour que des ouvriers armés de la raclette, puissent, à plusieurs reprises, couper, détruire les mauvaises herbes, qui, sur les sols bien pourvus d’engrais, pullulent, dominent et finiraient, si on ne les combattait énergiquement, par réduire la récolte ; toutes les cultures qui permettent ce travail sont désignées sous le nom de cultures sarclées.
Dans le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, l’Aisne, l’Oise, Seine-et-Marne, à part quelques pièces consacrées au trèfle ou à la luzerne, on ne cultive guère que deux plantes, la betterave et le blé, qui se succèdent indéfiniment. Les praticiens disent de la betterave qu’elle paie bien sa fumure, c’est-à-dire que sa récolte croît avec la quantité d’engrais répandue ; or, on hésite d’autant moins à bien fumer que cette culture entraîne l’entretien d’un nombreux bétail ; si on sème la betterave fourragère, on ne le fait que pour nourrir des vaches laitières ou engraisser des bœufs, et par suite le fumier devient d’autant plus abondant que la sole couverte de betteraves fourragères est plus étendue. Si on sème des betteraves destinées à la sucrerie ou à la distillerie, on retrouver après le traitement, des pulpes, de telle sorte que toujours la culture de la betterave conduit à l’entretien d’un bétail nombreux et assure la production du fumier. Le blé, qui succède aux racines, arrive donc sur un sol enrichi par la fumure prodiguée aux betteraves ; en outre, celles-ci sont des plantes bisannuelles ; au moment où on les arrache au mois d’octobre, elles sont encore en pleine vigueur, et les débris qu’on laisse sur le sol, collets garnis de feuilles, extrémité de la racine, donnent, en se décomposant dans le sol où ils sont enfouis, de l’ammoniaque dont le blé profite.
Dans les terrains secs, où la réussite de la betterave n’est pas assurée, on lui substitue comme plante sarclée précédant le blé : la pomme de terre. Les résidus qu’elle laisse dans le sol sont bien moins abondans ; au moment de la récolte des tubercules, les fanes sont mortes, tous les principes qu’elles ont élaborés pendant l’été ont été résorbés dans les tubercules, et les proportions d’azote qu’on trouve dans ces tiges desséchées, noircies, sont insignifiantes. En revanche, les travaux nécessaires aux semailles du blé sont bien plus faciles à exécuter après la récolte des pommes de terre qui a lieu en septembre, qu’après l’arrachage des betteraves, qui précède de peu de jours le moment où il faut semer le blé d’hiver. Quoi qu’il en soit, l’enrichissement du sol par les résidus des fumures qu’exige la betterave, par l’enfouissement des débris qu’elle laisse après elle, est tel, que c’est