la quantité de marchandise vendue est considérable, que si le rendement à l’hectare est élevé.
Dans quelle mesure cette augmentation des rendemens est-elle possible, c’est là ce qu’il convient d’examiner tout d’abord.
Je laisserai de côté la partie méridionale de notre pays, qui, si elle produit d’énormes quantités de raisin, est peu propre à la culture du blé ; elle n’y persiste que grâce à l’habitude des paysans de produire tout ce qui est nécessaire à leur consommation ; là où le blé n’est pas marchandise de vente, son prix importe peu ; il serait au reste bien difficile à établir, car le petit cultivateur ne compte pas sa peine, si grande qu’elle soit, et dès lors la dépense de main-d’œuvre, considérable quand on travaille avec des journaliers, n’entre plus dans les calculs. Il en va tout autrement là où la vente du grain forme une part importante des recettes de la ferme ; c’est là qu’il faut atteindre les hauts rendemens. Quels sont-ils ?
Je me rappelle très bien qu’il y a vingt-cinq ans, étant en excursion dans le Pas-de-Calais avec les élèves de Grignon, nous fûmes reçus par un cultivateur très habile, M. Pil&t de Brébières, mort depuis longtemps. C’était en automne, notre hôte nous parla de sa dernière récolte, qui, disait-il, avait atteint, sur certaines pièces, 50 hectolitres à l’hectare. Les élèves me regardèrent d’un air effaré : jamais, jusqu’alors, ils n’avaient entendu parler d’un rendement pareil, et moi-même à cette époque je crus à une forte exagération. Je suis persuadé, actuellement, que M. Pilat avait bien obtenu ces 50 hectolitres, car à plusieurs reprises j’ai constaté, dans le Pas-de Calais, vérifiant moi-même les poids à la bascule, des rendemens obtenus en grande culture supérieurs à ces 50 hectolitres.
Il est certainement plus facile d’atteindre les grandes récoltes sur des parcelles d’un are d’étendue que sur de grandes surfaces, et cependant j’ai constaté à bien des reprises différentes, dans le Pas-de-Calais, aussi bien que dans la Limagne d’Auvergne, aussi bien qu’à Grignon, que les rendemens constatés sur les champs d’expérience ne diffèrent que peu de ceux qu’on obtient dans les grandes pièces voisines ; or une fois, en 1888, j’ai obtenu à Grignon, en Seine-et-Oise, la valeur de 60 hectolitres à l’hectare, souvent 50, couramment 40 hectolitres.
La moyenne de la France entière, pendant l’année 1894, qui a été excellente, est seulement de 17 hectolitres, la moyenne de Seine-et-Oise a été de 30 hectolitres ; on voit quel écart existe, entre ce qu’on obtient et ce qu’il est possible d’obtenir.
Pour réussir à élever les rendemens, il faut s’astreindre d’abord à choisir judicieusement la variété à semer ; elle doit être