appropriée au climat et en outre à la richesse du sol qu’on cultive ; le choix de cette variété, la richesse du sol, dictent en outre la nature et la quantité des engrais à employer.
Le nombre des variétés parmi lesquelles on peut choisir est considérable. La plupart du temps, elles prennent naissance spontanément ; au moment de la floraison du blé, une quantité incalculable de petits grains de pollen flottent dans l’air ; ils se glissent entre les glumes et pénètrent jusqu’aux stigmates ; si ceux-ci n’ont pas encore reçu le pollen des anthères de la fleur, la fécondation est due à ce pollen étranger : le grain provenant de cette hybridation fortuite est semé, il donne une plante différente de ses voisines, et si elle présente des caractères qui paraissent avantageux, on sème les grains qu’elle fournit ; il arrive souvent qu’ils reproduisent les caractères particuliers au métis qui s’est formé spontanément et qu’après quelques générations on ait une variété nouvelle qui entre régulièrement en culture. Telles paraissaient être les origines du blé bleu de Noé, du blé à épi carré appelé aussi Shireff, du nom du fermier écossais qui l’a propagé.
Les variétés naissent par hybridation volontaire, et nous avons indiqué plus haut comment M. de Vilmorin a obtenu le Dattel ; elles proviennent enfin d’une sélection attentive continuée pendant plusieurs générations. Le major Hallett, des environs de Brighton en Angleterre, résolut, en 1857, d’appliquer au blé le procédé de sélection qui avait donné dans l’élevage des animaux de si excellens résultats : il choisit dans un champ de blé Victoria deux très beaux épis, sema les grains qu’ils renfermaient, choisit encore dans la récolte les épis les plus vigoureux pour en semer les grains, et réussit après quelques années de sélection attentive à produire la variété remarquable qui a conservé le nom de blé Hallett.
J’ai eu, en 1885, la preuve que le choix de la variété exerce une influence décisive sur l’abondance des récoltes ; persuadé, dès cette époque, où les prix étaient tombés très bas, que la seule chance de lutter victorieusement contre leur avilissement, était l’augmentation des rendemens, je recherchai tout d’abord les variétés à paille assez rigide pour supporter de fortes fumures sans verser, et je mis en comparaison les variétés les plus renommées comme résistance à la verse : Rouge d’Ecosse, Blé à épi carré, Browick et Blé bleu de Noé ; le Rouge d’Ecosse ne put supporter la fumure excessive que j’avais donnée précisément pour connaître la puissance de résistance de ces variétés ; les autres blés restèrent debout, mais les rendemens furent bien différens : tandis que le blé à épi carré donna la valeur de 40 quintaux métriques de grain à l’hectare correspondant à 50 hectolitres, le blé bleu de Noé ne fournit que 30 quintaux métriques ; or la fumure, l’exposition, la