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associations de la Cité de Londres, les universités n’ont-elles pas conservé leur représentation à elles, et ne demeurent-elles pas, elles seules et à part, des collèges électoraux ? En Hongrie, en Norvège, en Italie, en Portugal, bien qu’on n’ait pas sans doute, si les mots ont leur valeur pleine, la représentation professionnelle, ni la représentation réelle du pays, ni une représentation organique, bien que l’on n’y ait pas une organisation du suffrage et que le suffrage lui-même ne soit point partout universel, il n’y aurait pas besoin d’un bien grand effort pour y arriver ; et l’on voit en quelque façon cette organisation poindre et surgir du sol. Il nous reste, dans tous les cas, en terminant ce rapide et sommaire examen, il reste debout, utilisables pour nous, les trois exemples de la Chambre des députés du Reichsrath autrichien, de l’Espagne, et de la Bourgeoisie de la ville de Brême.

Certes, on peut dire, — et nous ne l’avons pas caché, — que, si le système autrichien est une forme mixte de la représentation organique, il contient moins de choses modernes que de choses anciennes, trop d’anciennes choses et de trop anciennes choses ; que, même après qu’on y aura, comme on le veut, introduit tout le monde en une cinquième classe, même alors, rajeuni par les pieds, il demeurera trop vieux par la tête. Et pour la cité de Brême, on pourra invoquer des coutumes respectées, rendues vénérables par une longue paix, les mœurs d’une république de marchands, une réalisation locale, avant qu’aucun philosophe l’eût conçu, de ce que Spencer appelle « le gouvernement industriel » ; on pourra observer que la constitution actuelle de la ville libre et hanséatique ne date, il est vrai, comme la nôtre, que de 1875, mais qu’elle a derrière elle et sous elle, la soutenant, la supportant, les fortes assises d’une tradition lentement formée et qu’une révolution terrible n’a pas interrompue, de telle sorte que les classes professionnelles n’y sont que ses corporations de jadis, décoiffées de la salade, démaillottées de la cotte, vêtues à la moderne.

Tout cela, on le dira sans doute, et ce sera juste ; on dira, et ce sera juste, que Brême, en somme, n’est qu’une ville ; ou si, avec ses faubourgs et sa banlieue, on l’élève à la dignité d’Etat, que ce n’est qu’un État minuscule, et encore un État communal.

Mais la constitution espagnole est de 1876 ; la dernière loi qui porte règlement des élections aux Cortes est de 1890 ; les chambres de commerce, d’industrie ou d’agriculture, les Sociétés des Amis du pays sont des groupes ouverts et libres, de type pleinement moderne, Même pour ce qui est de l’Autriche, le système décrit, trop resserré, ne peut-il être développé ? et, trop ancien, ne peut-il être renouvelé ? Et pour ce qui est de Brême,