déclarèrent « entaché d'impression » le choix d'un pape italien, et permirent de lui opposer un autre pape qui reporta au-delà des monts le siège pontifical.
Lorsque le 7 avril 1378, entre 4 et 5 heures du soir, Robert de Genève traversa la place Saint-Pierre pour gagner le Vatican où devait avoir lieu le conclave, il dut ne pas juger superflue la précaution qu'il avait prise de revêtir une cuirasse sous son rochet. Vingt mille personnes, parmi lesquelles des femmes, des curieux, mais surtout des hommes armés, couvraient la place, les marches de la basilique, débordaient sur la vigne voisine du palais, encombraient les fenêtres et jusqu'aux toits des maisons voisines. Au passage des cardinaux, des clameurs de toute sorte s'élevaient ; mais prières ou menaces étaient toujours dominées par le même cri : « Romain nous le voulons, ou du moins Italien ! » Cependant l'entrée des membres du sacré-collège se fit régulièrement jusqu'au moment où les bannerets remplacèrent les soldats de la garde pontificale par des Romains. Un grand nombre de gens fort étrangers au conclave en profitèrent pour s'introduire à la suite des derniers cardinaux, qu'ils poursuivirent pendant deux heures de propos qui, pour être moins brutalement exprimés que ceux de la foule du dehors, n'étaient ni moins significatifs ni plus rassurans.
Ces gens d'ailleurs n'agissaient pas au hasard : ils voulaient empêcher la clôture des portes jusqu'à ce que les chefs de quartier de la ville, les Caporioni, fussent venus faire une dernière démarche auprès du sacré-collège. Il était déjà plus de 7 heures du soir ; l'évêque de Marseille, Guillaume de la Voulte, garde du conclave, perdant la tête, s'était réfugié dans sa chambre ; les cardinaux soupaient dans les leurs, quand les Caporioni se présentèrent en armes et demandèrent aux électeurs l'engagement formel de voter pour un pape romain ou italien. Ils durent se contenter de l'assurance que le choix serait fait conformément aux intérêts de l'Eglise romaine. Après leur départ, l'évêque de Marseille ferma derrière eux la dernière porte du conclave ; mais au lieu de la faire murer, il eut le tort de se borner à faire clouer deux grosses pièces de bois en travers des battans.
Les coups de marteau frappés pendant ce travail, en donnant à croire à ceux du dedans que l'on tentait de forcer leur retraite, furent le prélude des agitations de la nuit. Au dehors, les cardinaux entendaient les grondemens de la foule se ruant sur les celliers pontificaux dont les tonneaux défoncés roulaient sur les dalles ; sous leurs pieds, ils sentaient les planchers ébranlés par les coups de pique et de bâton, prêts à s'enflammer aux feux