provinces, et il n’est pas jusqu’à ceux qui étaient assurément les plus intéressés à ramener la cour pontificale sur les bords du Rhône qui n’aient montré de la répugnance à se séparer du pape de Rome ; l’assemblée du clergé à laquelle le roi demandait son appui, réclamait un supplément d’information. Mais Charles ne voulait plus attendre ; il réunit, le 26 novembre, à Vincennes, une nouvelle et moins nombreuse assemblée, obtint d’elle un avis conforme à son opinion personnelle, et fit publier dans toutes les églises l’avènement de Clément VII. Néanmoins l’Université, qui hésitait encore, ne se prononça que le 30 mai 1379, sur l’invitation impérative du roi.
Charles V n’a donc pas été l’instigateur du schisme ; il s’y est rallié parce qu’il a cru aux assurances de ceux qui paraissaient avoir qualité pour être mieux informés que personne.
Il a proclamé la légitimité de Clément VII, mais il est faux qu’il ait édicté des peines contre les partisans du pape de Rome ou qu’il ait usé d’intimidation envers les princes étrangers, auprès desquels il se bornait à faire une propagande pacifique. On n’est pas mieux fondé à chercher la cause de sa détermination dans la parenté au dix-septième degré qui l’unissait à Robert de Genève ; il a plus d’une fois déclaré solennellement que, l’élu de Fondi eût-il été Anglais, il n’aurait pas hésité à prendre son parti. On peut, il est vrai, reprocher à Charles V de s’être fait une opinion précipitée, sans avoir entendu les témoignages urbanistes ; mais cette précipitation a une excuse que rend très vraisemblable le caractère bien connu du sage roi. Il voulut épargner à son pays le trouble qu’une incertitude prolongée devait jeter dans les consciences, et crut hâter la fin du schisme à peine né, en entraînant dans le parti du pape qu’il soutenait, la chrétienté gagnée par l’influence de son nom, par le prestige qu’il avait su rendre à la France.
Il se trompait ; son appui valut à Clément VII une autorité que la seule alliance de la reine Jeanne était hors d’état de lui donner, autorité considérable assurément, mais impuissante à étendre l’obédience clémentine à plus de la moitié de l’Europe. Ainsi, avec les intentions les plus loyales, Charles V se fit involontairement le principal artisan des périls auxquels l’Eglise fut exposée pendant près d’un demi-siècle. Tout en poursuivant un but contraire, tout en refusant constamment de recourir à la « voie de fait, » c’est-à-dire à la guerre, qui aurait servi les desseins ambitieux de son frère Louis d’Anjou, il n’a pu empêcher que le schisme, d’abord limité au domaine ecclésiastique, ne passât dans le domaine politique, événement d’autant plus grave qu’indépendamment des saints que tout le monde connaît, sainte Catherine de