leurs exigences ; mais, jusqu’à nos jours, leurs efforts pour le remplacer n’avaient pas été couronnés d’un grand succès. L’huile extraite de certains végétaux et les torches de résine suffirent à l’antiquité, la chandelle de suif vint des barbares du nord. La chandelle de cire ou « cierge », que l’on appelait communément la « bougie », demeura au moyen âge le luxe des riches ; et comme cette « bougie » de cire coûtait de 12 à 20 francs le kilogramme — en monnaie actuelle — du XIIIe au XVIe siècle, et qu’elle ne descendit pas au-dessous de 10 francs, de 1600 à 1789, les riches eux-mêmes n’en usaient qu’avec une extrême réserve. Sous Louis XIV, la duchesse de Bourgogne avouait n’avoir eu de bougie dans son appartement que depuis qu’elle était à la cour de France.
Réduits à la lumière de l’huile, les Égyptiens ou les Grecs ne possédaient même pas d’appareil convenable pour l’utiliser : la lampe romaine n’est autre chose qu’une veilleuse, un bol, où trempe une mèche de coton. L’huile n’était jamais fournie à la mèche en quantité suffisante, car la capillarité du coton était le seul moyen de l’élever jusqu’à la flamme. Celle-ci consistait en une lueur rougeâtre, accompagnée d’un perpétuel filet de fumée et d’une odeur âcre et irritante. Durant quatre mille ans, les lampes de nos pères ont inexorablement filé. Depuis l’origine du monde jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, quoique l’on eût découvert tant de choses, produit de si merveilleux chefs-d’œuvre, déployé tant de courage et de génie, on n’avait pas encore enfanté le verre de lampe ni le quinquet. L’imagination des artistes s’était exercée sur l’architecture du récipient, qui avait pris des formes exquises, s’était embelli de riches ciselures ; mais ces lampes, pour belles qu’elles fussent, continuaient à n’éclairer pas.
La classe aisée les délaissa donc pour la chandelle, dont les personnes gênées économisèrent les « bouts » ; il n’y eut plus que les très pauvres gens ou les avaricieux à employer des lampes. Au XVIIe siècle, Tallemant estime peindre d’un trait caractéristique la ladrerie d’un de ses contemporains, lorsqu’il révèle que « chez lui on ne brûle que de l’huile » ! Cette huile à brûler, tirée des noix, du lin, du pavot, du poisson, était elle-même beaucoup plus chère que notre moderne huile de colza. Elle se vendait à l’époque féodale, — évaluée en monnaie de nos jours, — 3 et 4 francs le kilo. Plus tard son prix diminua, parce que les procédés de fabrication se perfectionnèrent et que l’on utilisa des graines nouvelles ; cependant elle valait encore 2 francs au moment de la Révolution, tandis qu’elle est aujourd’hui cotée 60 centimes, dans les mercuriales, et qu’à Paris, au détail, malgré les impôts