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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 136.djvu/411

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mouvement de recul, il y a aussi des raisons qui nous sont personnelles, provenant de nos habitudes et de notre caractère, et sur lesquelles ne cessent d’insister les rapports consulaires que public le Moniteur officiel du Commerce : nous produisons des marchandises de qualité supérieure, mais nous voulons vendre trop cher ; et de plus, nous manquons d’initiative pour imposer nos marchandises à l’attention des acheteurs.

Si les produits étrangers sont préférés sur tel ou tel marché extérieur aux produits français, bien que ceux-ci soient plus appréciés, c’est que nos concurrens offrent des prix de vente plus bas. M. Raiberti, dans un rapport sur le budget des affaires étrangères, constate ces efforts de nos concurrens commerciaux pour se plier exactement aux goûts et aux exigences du client ; pour descendre à des prix de vente toujours plus avilis ; pour accorder de plus grandes facilités de crédit, opérer à l’aide d’une représentation commerciale plus nombreuse et plus active. Les rapporteurs de la commission permanente des valeurs de douanes disent également que nous fabriquons trop beau et que nous vendons trop cher.

Il est certain que des remèdes sérieux devraient être appliqués à ces élémens de faiblesse de notre commerce d’exportation. Il règne cependant, sur une de ces causes d’infériorité, un préjugé dont il est équitable de signaler l’inanité. On a pris l’habitude d’attribuer la rapidité avec laquelle nos concurrens gagnaient du terrain sur nous dans les pays étrangers à l’insuffisance technique de notre personnel consulaire, à l’espèce de mépris dans lequel ces agens tiendraient les attributions commerciales de leur emploi : nos négocians, disait-on, n’obtenaient auprès de ces fonctionnaires ni appui, ni renseignemens, et l’on citait, au contraire, avec admiration, les rapports consulaires si nombreux, si documentés, si riches en informations précieuses de toute espèce, publiés chez nos voisins en Angleterre, en Belgique, en Allemagne, dans la plupart des grands pays étrangers. Ces plaintes, jadis peut-être légitimes, sont devenues une sorte de lieu commun de la littérature courante économique. Il n’est pas rare de les voir surgir encore de temps à autre, comme un cliché bon à reproduire en temps de disette, alors que, depuis plusieurs années déjà, elles ont perdu toute raison d’être. Le plus grand nombre de nos consuls sont en effet aujourd’hui à la hauteur de la tâche qui leur incombe ; ils donnent à leurs attributions commerciales toute l’attention, tout le temps qu’elles peuvent légitimement revendiquer ; et la collection des rapports que ces agens, dispersés dans le monde entier, adressent au