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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 136.djvu/414

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des prix : 26 600 000 tonnes importées en 1889 ont valu 4 015 millions de marks, et 32 530 000 importées en 1895 n’ont valu que 4 217 millions. Le prix moyen de la tonne a été de 15 marks 10 en 1889 et de 13 marks en 1895, soit, en six années, une baisse de 13,20 pour 100. De même 18 390 000 tonnes exportées d’Allemagne en 1889 ont valu 3 178 millions de marks et 24 millions de tonnes en 1895 ont valu 3 416 millions, soit 17 marks 40 pour le prix moyen de la tonne exportée en 1889 et 14,25 en 1895, écart qui représente une diminution de 18 pour 100.

Les chiffres dont il a été fait usage pour 1895 dans ces comparaisons auront sans doute à subir d’assez fortes rectifications, les valeurs ayant été établies sur le niveau des prix de 1894, alors que le taux général s’est sensiblement relevé en 1895. Il conviendrait aussi d’éliminer des calculs le commerce des métaux précieux pour ne tenir compte que de celui des marchandises. Ces corrections ne modifieraient guère la signification des chiffres ci-dessus. Telles quelles, les données déjà établies suffisent à indiquer la courbe générale du commerce extérieur de l’Allemagne et à faire ressortir le grand progrès qui s’est accompli dans l’état économique de ce pays durant l’année 1895. Une part dans ce progrès revient sûrement à la modification survenue il y a deux ans dans les relations politiques et commerciales de l’empire allemand avec son puissant voisin, l’Etat russe. En 1893, la guerre douanière avait sinon interrompu tous rapports, du moins notablement réduit le volume des transactions entre les deux pays. La conclusion du traité de commerce germano-russe n’a eu d’effets sensibles que dans les derniers mois de 1894, bien que le traité fût entré en vigueur le 20 mars de cette année. En 1895, au contraire, les Allemands ont pu constater les bienfaits de l’accord, qui se sont traduits surtout par un accroissement remarquable de leurs envois en Russie de fer brut et d’objets et machines en fer et en acier, malgré tout le perfectionnement donné par ce pays à son outillage industriel pendant la guerre douanière[1]. La chambre de commerce de Berlin a voulu faire une enquête sur les effets en Allemagne du traité de commerce germano-russe. Elle a éprouvé les plus grandes difficultés à recueillir des renseignemens exacts, les intéressés insistant sur les déceptions qu’ils ont pu éprouver et passant volontiers sous silence les avantages recueillis. Il est certain toutefois que la Russie est redevenue un débouché considérable pour l’Allemagne, qui vend ses produits à

  1. D’autre part, l’Allemagne, en 1895, a importé de Russie 679 000 tonnes de froment contre 21 000 en 1893 ; 844 000 de seigle contre 8 000, et 623 000 d’orge contre 250 000.