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des prix presque toujours inférieurs à ceux que demandent ses concurrens, notamment la France[1].

Le commerce de l’Angleterre s’est amélioré comme celui de la France et de l’Allemagne, en 1895, et sensiblement dans les mêmes proportions, si l’on tient compte au moins des résultats défavorables du premier trimestre de l’année dernière. Dans cette période, en effet, la dépréciation des prix atteignant son maximum, les importations des possessions britanniques dans le Royaume-Uni accusaient un fléchissement de 36 pour 100 et celles de provenance étrangère baissaient de 7,3 pour 100 ; enfin les exportations de nos voisins pour leurs colonies subissaient une diminution de 15 pour 100 ; seuls leurs envois aux pays étrangers avaient augmenté, en valeur, de 5 pour 100. Le volume des transactions n’avait sans doute pas réellement diminué de 1894 à 1895, mais le trait caractéristique de la situation était la réduction très forte (plus de 60 millions de francs) des exportations d’Angleterre dans l’Inde, résultat dû au droit de 5 pour 100 établi à l’entrée des cotonnades en ce pays, dû surtout à la concurrence de l’industrie hindoue. Cette déperdition était compensée par l’accroissement remarquable des ventes de l’Angleterre aux Etats-Unis, l’excédent étant de plus de 80 millions de francs. La réouverture du marché américain aux marchandises européennes à la suite de l’application du tarif Wilson remplaçant le tarif Mac-Kinley de 1890, a été en effet l’un des grands facteurs, comme l’une des plus sérieuses manifestations de la reprise des affaires dans la seconde partie de 1895. L’Angleterre avait éprouvé dès les premiers mois de l’année les bienfaits de cet important changement de politique économique aux Etats-Unis.

Lorsque les prix commencèrent à se relever d’une si longue dépréciation, le volume des transactions s’accroissant d’autre part, on vit les chiffres du commerce extérieur de la Grande-Bretagne présenter pour chacun des mois de juillet à octobre une augmentation moyenne de 10 pour 100 sur l’année précédente, à l’importation comme à l’exportation. Le mouvement se ralentit ensuite, et l’année 1895 s’est terminée pour l’Angleterre avec un accroissement d’exportation de 250 millions de francs, que l’on peut considérer comme modeste à côté de l’augmentation correspondante de 310 millions de francs pour la France et de

  1. Il ne semble pas, en effet, que le commerce ni l’industrie de France aient tiré, il y a trois ans, tout le parti qu’ils auraient pu de la rupture temporaire des relations économiques entre les deux empires. La Russie cependant a eu le désir de donner aux usines françaises, notamment pour les articles de matériel de chemins de fer, d’importantes commandes. Mais la condition que les prix ne fussent pas supérieurs à ceux des fabrications étrangères, n’a pu, le plus souvent, être remplie.