radicaux et de la droite. Les rencontres de ce genre se produiraient à tous les détours du chemin. Il n’y a pas de majorité au Palais-Bourbon pour une profonde réforme fiscale. Peut-être en trouverait-on une pour une réforme modeste, portant sur un de nos impôts, non pas même pour le supprimer, mais pour l’améliorer. Celui de tous à qui on a fait la plus mauvaise réputation est l’impôt des portes et fenêtres ; on n’a pourtant pas trouvé encore quelque chose de mieux à mettre à la place, et il ne semble pas, au surplus, qu’il soit aussi discrédité dans le pays qu’il l’est, ou qu’il a paru l’être à la Chambre. Il n’y aurait que moitié mal à ce qui vient d’arriver, si la constatation qui s’en dégage nous rendait plus prudent, plus timide même, à promettre et à entreprendre beaucoup. Le gouvernement fera sagement, avant d’arrêter ses nouveaux projets, de consulter sa majorité et de se mettre d’accord avec elle. C’est ainsi qu’on procède en Angleterre, et il y a là une méthode de travail qu’on ne saurait trop recommander. Si on envisage les réformes éventuelles, non pas seulement au point de vue spécial et technique, mais au point de vue politique, les meilleures sont celles qui resserrent la majorité, et les plus mauvaises celles qui la désagrègent et la dispersent. Un ministère doit gouverner avec ses amis, et ne s’engager dans une entreprise quelconque qu’après s’être assuré qu’il sera suivi par eux. Il n’y a pas pour lui de surprise plus fâcheuse que celle qui vient de se produire. Au désagrément d’être combattu par des hommes comme M. Ribot et M. Rouvier, est venu s’ajouter celui d’être défendu, en termes ironiques et narquois, par M. Jaurès et par M. Rouanet. Les épreuves de ce genre sont mauvaises. MM. Méline et Cochery, aidés comme nous l’avons dit par les maladroites manœuvres des radicaux, ont sauvé la situation à force de courage ; mais ils auraient tort de s’exposer une fois de plus à de pareilles aventures. M. Bourgeois a si bien cru la situation mûre pour lui, qu’il a découvert son impatience à ressaisir le pouvoir, et qu’il a sommé M. Méline de poser la question de confiance sur un point quelconque de son projet. M. Bourgeois ne s’est pas fait de bien en prenant cette attitude, mais il ne l’a prise que parce que M. Méline n’avait pas traversé la discussion sans se faire ou sans éprouver quelque mal. Les vacances parlementaires opéreront sur tout le monde comme un calmant. Elles donneront au ministère le temps de mieux combiner ses plans pour la session prochaine. Puisse-t-elle être plus utilement remplie que celle-ci ! Dans vingt mois au plus tard, si elle n’est pas dissoute avant l’heure, la Chambre devra comparaître devant le pays. Que diront ses membres, redevenus simples candidats, lorsque les électeurs leur demanderont ce qu’ils ont fait pendant quatre années et demie de législature ? Ils ont renversé beaucoup de ministres. Ils en ont essayé de très divers, de très différens les uns les autres, depuis M. Charles Dupuy et M. Casimir-Perier jusqu’à M. Bourgeois et à M. Doumer, enfin jusqu’à M. Méline
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