voilà tout. — Mais si le quotient électoral augmente, dans beaucoup de départemens il ne sera pas atteint par la plupart des groupes professionnels. — Eh bien ! on en sera quitte pour étendre soit la circonscription territoriale, soit la circonscription sociale.
— Au fait, pourquoi faire du département la circonscription territoriale ? — Parce que le département est une division géographique qui, bien qu’artificielle, est, depuis cent ans, entrée dans nos mœurs et dans la vie de la France ; assez étroite pour que les voix ne se portent pas tout à fait au hasard ; assez vaste pour qu’on ait plus qu’une menue poussière d’intérêts, plus que de tout petits hommes et de toutes petites choses. — Mais la profession, la circonscription sociale, comme vous dites ? — Je le reconnais : la profession vient remplacer l’arrondissement et parfois la fraction d’arrondissement ; au lieu d’être député du Calvados pour la deuxième circonscription de l’arrondissement de Caen, on sera député du Calvados pour le groupe professionnel de l’agriculture ou celui du commerce et des transports : l’intérêt représenté ne sera pas moins général, il le sera plus ; il sera moins factice, plus réel, plus vivant, puisqu’il y a une vie de la profession beaucoup plus active que ne l’est la vie de l’arrondissement. — Mais, en disant que les députés devront être élus par et parmi le groupe professionnel, vous limitez l’égibilité. — Pas du tout, puisqu’il n’est personne qui ne puisse être élu dans son groupe : je ne fais que la localiser. — Et si quelqu’un est à la fois fonctionnaire public et propriétaire rural ? — Il optera pour un groupe ou pour l’autre. — Vous empêchez les ouvriers de se faire représenter par un avocat ou un professeur. — Le beau malheur, si je tue le politicien !
— Ferez-vous voter les ouvriers à part, les patrons à part, ou tous voteront-ils ensemble ? — Tous ensemble, dans chaque groupe professionnel. — Mais les patrons seront noyés sous le flot du prolétariat ! — Ce n’est pas prouvé et, en tout état de cause, ce qu’il importe d’éviter, c’est de constituer des classes en antagonisme ; à quoi l’on arriverait sans faute si à une catégorie de patrons l’on opposait une catégorie d’ouvriers. — Des classes ! mais vous en constituez rien que par vos groupes professionnels. — Pas plus que dans le mode actuel de su tirage, on n’en crée en divisant la France en départemens, un département en arrondissemens, un arrondissement en circonscriptions, une circonscription en communes, une commune en sections de vote. Pas plus qu’on n’en crée dans l’armée en y maintenant des armes différentes, dans chaque arme des régimens, des bataillons, des compagnies et des escouades. En distribuant ainsi l’armée, on ne la divise pas, on la « ramasse » pour l’action sous la main du chef ; ce qui fait