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les parties déclives du sol. Quand la source est découverte, on a recours pour la jauger à des procédés trop techniques pour que je puisse les exposer ici. Ils conduisent à déterminer le minimum du débit de la source, lequel doit être suffisant pour répondre aux besoins de la localité qu’elle doit alimenter. Il est indispensable pour cela d’en observer le régime pendant une année entière. Quelque soin qu’on apporte dans cette détermination, elle est toujours approximative : le rendement des sources est bipartie conjecturale de l’opération, celle qui donne lieu aux plus grands mécomptes.

Pour être rigoureusement sûr de la pureté d’une eau de source, il faut la poursuivre jusqu’au de la de son point d’émergence et la capter dans le sol même. On est guidé dans cette recherche par les filets d’eau qui courent à la surface. On les dégage en creusant des tranchées au fond desquelles on pose des drains qui viennent se réunir dans des galeries en maçonnerie dont le fond est en ciment. Ces galeries, en nombre variable, viennent se déverser dans un réservoir voûté d’où partent les conduites de l’amenée d’eau. Ces travaux sont recouverts de dalles par-dessus lesquelles on dépose une couche de cailloux concassés, et on étend sur le tout du gazon ou de la terre pilonnée.

Lorsque la source a un débit suffisant à son point d’émergence, on y plonge une conduite de prise d’eau, sans rien changer aux dispositions naturelles. S’il s’agit d’un ruisseau, on le barre à l’aide d’une digue de retenue dont la hauteur est réglée par la quantité d’eau qu’on veut conserver dans le réservoir. On y puise l’eau à l’aide d’une conduite en fonte ou en poterie qui l’amené à sa destination ; le trop-plein s’écoule par-dessus le barrage. On n’obtient ainsi qu’un étang artificiel, qu’une eau exposée aux souillures de l’atmosphère et du sol. Elle s’altère rapidement lorsqu’on n’a pas la précaution de curer de temps en temps le réservoir dans toute son étendue.

Ce système est simple et peu coûteux, quand il s’agit d’alimenter un village ; mais lorsqu’on veut se procurer de cette façon la quantité d’eau nécessaire aux besoins d’une ville de quelque importance, il faut établir des barrages d’une grande dimension et d’une résistance proportionnelle à la masse énorme des eaux qu’elles doivent retenir. Ou exécute fréquemment des travaux de ce genre en Algérie, dans l’Inde, en Amérique et en Angleterre. En France ils sont rares, mais on en trouve encore des exemples. Les Américains n’hésitent pas à barrer de véritables rivières : New-York a établi ses réserves à la faveur du Croton ; Washington emprunte l’eau du Potomac ; Philadelphie celle du Tohickon ; Memphis utilise la rivière Wolff.