trouve tous les détails dans une lettre datée de Baden le 24 juillet 1858, que le ministre italien a adressée à son souverain, en revenant de son entrevue avec l’empereur.
Cette entente ne resta pas longtemps secrète. A la réception diplomatique du 1er janvier 1859, l’empereur tint à l’ambassadeur d’Autriche un langage qui en fut en quelque sorte la révélation, bientôt confirmée par le discours de la couronne à l’ouverture de la session législative à Turin. « Nous ne sommes pas insensible, disait le roi Victor-Emmanuel, aux cris de douleur qui, de toutes les parties de l’Italie, s’élèvent jusqu’à nous. » L’Angleterre s’en émut plus encore que l’Autriche. Le principal secrétaire d’État pour les Affaires étrangères, lord Malmesbury, entreprit, à Turin comme à Vienne et même à Paris, une vigoureuse campagne diplomatique pour conjurer le danger qui menaçait la paix. Le représentant du cabinet de Londres en Piémont fut chargé de faire les plus vives remontrances au gouvernement sarde, lui reprochant son ambition, le rendant responsable de toutes les éventualités ultérieures. « Si la guerre éclate, disait lord Malmesbury dans une de ses dépêches, il est impossible d’en calculer les conséquences. Nous savons seulement, dès à présent, qu’elle sera longue et que ses maux s’étendront sur une période de temps indéfinie. Dans une guerre engagée sous de tels auspices, les républicains de tous degrés, les songeurs de tout genre, les prétendans aux trônes, enfin les chercheurs de vengeance, de puissance ou de richesse, voudront trouver leur compte. » Et après avoir longuement développé ces prémisses, il ajoutait en terminant : « Le gouvernement de Sa Majesté a cru de son devoir d’exprimer sans réserve les sentimens de regret et d’inquiétude éveillés par un discours (celui du roi) dont la Sardaigne doit répondre non seulement devant ses alliés, mais aussi devant ce même Dieu qu’elle invoque[1]. » Nous verrons bientôt l’Angleterre, — quand l’événement aura démenti ses sinistres prévisions, — tenir un langage bien différent, et encourager, sans nulle hésitation ces mêmes aspirations qu’elle avait d’abord combattues sans nulle mesure.
En dépit des objurgations du cabinet de Londres, la guerre éclata à l’heure prévue à Paris et à Turin. Nous n’avons pas à en raconter ici les péripéties diverses ; mais nous devons noter les incidens nés de la conclusion de la paix et personnels au ministre dont nous avons entrepris de définir le caractère. Il avait été entendu à Plombières que la guerre aurait pour objet d’affranchir l’Italie « des Alpes à l’Adriatique ». L’état de possession, dans les
- ↑ Voyez le livre bleu de cette époque.