et de 4 à 7 francs pour celle de l’habit seul, tel qu’il se portait sous Louis XVI. Les députés du commerce se plaignaient que « le prix des façons d’habits n’eût pas augmenté depuis trente ans. » Ils attribuaient le fait à la concurrence de ce que nous nommons aujourd’hui les maisons de confection, « des fripiers vendant des habits neufs, faits à l’aventure et sans mesure, qui ont vu, disent-ils, leur clientèle s’accroître rapidement depuis dix ans. » Mais, si l’on remonte jusqu’au milieu du XVIIe siècle, et même jusqu’à Henri IV, où la façon d’un habit de laquais se payait 32 francs et celle d’une soutane de prêtre 14 francs — le même prix qu’au XVe siècle — on voit que la valeur de cette main-d’œuvre avait peu varié. On ne pourrait d’ailleurs se prévaloir de chiffres semblables, quelque nombreux qu’ils puissent être, pour en tirer une induction quelconque sur le taux des salaires.
Il en est de même de la façon des souliers, pour lesquels nous voyons que l’on paye 3 francs au XIIIe siècle ; de 60 centimes à 1 fr. 34 au XVIe siècle et 1 fr. 10 au XVIIIe siècle. Mais lorsque nous constatons que le ressemelage d’une paire de souliers vaut, y compris la fourniture du cuir, 4 francs en 1384, le même prix en 1422, 3 francs en 1590, 3 fr. 90 en 1601 et 3 fr. 60 en 1648, nous sommes certains que, le cuir ayant beaucoup augmenté de 1384 à 1648, il a fallu pour que le prix du ressemelage ait baissé d’une date à l’autre, que l’ouvrier supportât une grande réduction sur sa main-d’œuvre.
Une semblable diminution ressort des prix comparés du filage du chanvre et du lin. Le premier se paie à la fin du XVe siècle 3 fr. 15 le kilo en Normandie, Alsace ou Champagne. Sous Louis XIV il ne se payait plus que 1 fr. 72, chiffre où il demeura jusqu’à la fin de l’ancien régime. Le filage du chanvre pour corde qui valait 80 centimes le kilo sous Louis XII, ne se payait plus que 40 centimes sous Henri IV. La baisse du prix de façon n’est pas moins évidente dans la confection de la toile, pour peu qu’entre les types multiples de ce tissu on choisisse quelques qualités faciles à suivre à travers les âges : la toile de « brin », médiocrement fine, était confectionnée par le tisserand moyennant 1 fr. 02 le mètre au XVe siècle, 90 centimes en 1540, 75 centimes en 1590, et pour 60 centimes seulement en 1790. La toile de chanvre ou d’étoupe, la plus commune, était fabriquée à la tâche pour 70 centimes le mètre au XVe siècle, 50 centimes au XVIe, 50 centimes au XVIIe et en 1790 elle ne rapportait à l’ouvrier que 30 ou 40 centimes le mètre.
Il n’est pas jusqu’à la façon des chemises dont les prix n’accusent le même fléchissement. Nous laissons de côté les modèles qui, par leur richesse ou la qualité de leurs destinataires, sortent