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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 138.djvu/324

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part, sauf peut-être en Russie, le pétrole ne se rencontre en pareille abondance. Dès 1890 les États-Unis produisaient 9 millions de tonnes de fer et 140 millions de tonnes de charbon, c’est-à-dire plus de fer et presque autant de charbon que la Grande-Bretagne. Durant les dix dernières années, ils ont exporté en moyenne plus du septième de leurs récoltes. Pendant la même période, ils ont expédié à l’Angleterre et ses colonies, à la France, à l’Allemagne, à la Hollande et à la Belgique des matières premières et autres marchandises pour près de 13 milliards de francs de plus qu’ils n’ont importé de ces mêmes pays[1]. Et cependant un tiers à peine est exploité des neuf cent millions d’hectares que comprend le territoire des États-Unis.

Leur réseau de chemins de fer est d’environ 300 000 kilomètres, une fois et demie celui de l’Europe. Les transports de marchandises y sont à meilleur marché que n’importe où : le chemin de Pennsylvanie, par exemple, a transporté en 1895 treize milliards de tonnes kilométriques au prix d’un centime trois quarts la tonne. Le tarif le plus réduit des chemins de fer français, celui des houilles sur la ligne du Nord, ne descend guère au-dessous de quatre centimes. Nous sommes constamment tentés d’oublier les dimensions d’un pays qui s’étend de l’Atlantique au Pacifique, et qui, depuis la cession que lui a faite la Russie des territoires et des îles de l’Alaska, couvre plus du quart d’un parallèle terrestre : quand l’habitant de New-York quitte ses affaires, le pêcheur des îles Pribilof voit à peine le soleil levant. Le centre d’un cercle qui embrasserait tous les domaines de la république des États-Unis se trouve dans l’océan Pacifique. Il faut cent vingt heures pour se rendre de New-York à San Francisco, et dix jours de navigation pour aller de San Francisco au point extrême de l’archipel qui forme la limite occidentale des domaines américains. Seule, la Russie réunit sous une même loi une plus grande étendue de terre : mais les États-Unis sont bien plus favorisés quant au climat : peu de portions de leur territoire sont inhabitables. Si le Texas était, proportionnellement à sa surface, aussi peuplé que l’État de New-York, il compterait à lui seul plus de 30 millions d’habitans, alors que le total de la population des quarante-neuf États et territoires, dont l’ensemble constitue la République[2], n’atteint que 75 millions d’âmes. Lorsque nous songeons que New-York[3] à lui seul en compte 3 millions et

  1. Atkinson, Engineering Magazine, juillet 1896.
  2. Outre les quarante-cinq États et les quatre « territoires » d’Alaska, Arizona, New-Mexico, Oklahoma, il convient de mentionner le district de Colombie, où se trouve la capitale fédérale Washington.
  3. Depuis la récente annexion de Brooklyn.