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prétextes à ne rien faire que je ne puisse être presque sûr d’écarter ; un de ces argumens, si l’on veut, que je ne sois presque sûr de réfuter. Mais à quoi bon discuter sur des détails qui, pour ne pas être tout à fait indifférens, n’ont pourtant, à cette heure, qu’une importance très secondaire ? Serait-ce assez de sept catégories ? N’en faudrait-il pas davantage ? Un notaire de petite ville est-il plus près d’un académicien qu’un électeur quelconque d’un second électeur quelconque ? mettons : que M. Thiers de son porteur d’eau ? Le politicien, que nous voulons tuer, est subtil, insinuant ; ne reparaîtrait-il pas dans tel ou tel des groupemens adoptés ? — Beaux sujets de dissertation et de polémique, mais pour plus tard. — Pour le moment, nous n’en sommes pas encore à l’apologie, nous n’en sommes qu’à l’exposition du système.

La réponse à tout cela ne nous embarrasse guère, mais nous n’avons pas à répondre ; nous combattons en masse et non en ordre dispersé. Puisque « le bloc » est à la mode, voici un bloc. De peur qu’on ne nous dise : « C’est donc là tout votre système : la représentation des intérêts ! la représentation professionnelle ! » ayons soin de bien établir que non, ce n’est pointtout notre système, qui n’est, d’ailleurs, ni la représentation professionnelle ni la représentation des intérêts.

Ce n’est pas la représentation professionnelle, et ce n’est pas la représentation des intérêts. Que vient faire ici la profession ? Nous ne l’invoquons que comme le signe, comme l’indication d’une certaine identité, tout au moins d’une certaine similitude de vie. Mais le fond, la base, la moelle ou le nerf du système, c’est la vie. Pourquoi, alors, le groupement par professions ? Parce que la profession est ce qu’il y a de plus réel, de plus positif, de plus constant et de plus présent, de plus spécifique dans la vie sociale de l’homme ; parce que, si l’homme ne vit pas seulement de pain, cependant il vit surtout de pain, et que son pain, c’est sa profession qui le lui donne.

Comme le besoin du pain est quotidien, la profession, pour l’homme, est nécessaire et quotidienne. Il ne la prend pas un beau matin tous les quatre ans pour vivre d’elle cinq minutes et la quitter avant le soir, ainsi que la plupart des électeurs font d’une opinion politique, quand ils se donnent la peine d’en prendre une, même pour cinq minutes. Elle dure singulièrement plus que la période électorale ; le grand jour passé, beaucoup de Français, ayant, au petit bonheur, choisi le candidat radical ou le candidat modéré, ne se réveillent ni radicaux ni modérés, qui se retrouvent bouchers ou cordonniers.

On nous accuse d’avoir repoussé « dédaigneusement » la