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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 138.djvu/678

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Depuis une dizaine d’années, la production de l’alcool en France n’a guère augmenté ; nous fabriquons ostensiblement un peu plus de 2 millions d’hectolitres. Qu’ajoutent à ces quantités les bouilleurs de cru ? On l’ignore. Leur production varie sans doute entre des limites très écartées avec l’abondance du raisin, des pommes et des autres fruits.

Pendant les années où les gelées tardives n’atteignent pas la fleur des pommiers, la fabrication du cidre surpasse les besoins de la consommation, l’excédent est conduit à l’alambic.

Quel est le nombre d’hectolitres qui sortent ainsi des départemens normands et bretons, quel est celui que jettent sur le marché clandestin les vignerons qui n’ont récolté que des vins de basse qualité ? Nous ne pouvons faire sur ce sujet que des calculs approximatifs.

On ne saurait cependant manquer d’être frappé de la baisse du prix de vente de l’alcool qui a suivi la grande récolte de fruits de 1893. Tandis qu’en 1892 le prix de l’hectolitre d’alcool était encore à 47 francs, il descendit à 44 francs en 1893, puis tomba successivement à 33 francs en 1891 et à 31 francs en 1895. Or les quantités produites ostensiblement ont été de 2 195 000 hectolitres en 1892, 2 317 000 en 1893, 2 114 000 en 1894, et 2 036 000 en 1895, c’est-à-dire que les variations dans la production régulièrement enregistrée sont tout à fait incapables d’expliquer la baisse excessive qui s’est produite et qui paraît devoir être attribuée à l’exagération de la distillation clandestine.

Le marché français est approvisionné par de l’alcool de diverses origines ; malgré la reconstitution graduelle de notre vignoble, qui de plus en plus brave les atteintes du phylloxéra, la distillation du vin n’apporte encore qu’un faible contingent, elle reste habituellement au-dessous de 50 000 hectolitres ; en 1894 cependant, à la suite d’une récolte de vin exceptionnelle, elle a dépassé 100 000 hectolitres, pour retomber à 43 000 en 1895.

Pendant cette même année, la distillation des mélasses a jeté sur le marché plus de 700 000 hectolitres d’alcool ; celle des substances farineuses, un peu inférieure à ce qu’elle avait été les années précédentes, a fourni 384 000 hectolitres. Les droits élevés qui ont frappé les maïs étrangers n’ont pas empêché les fabricans de levure de mettre en fermentation des quantités notables de grains, ils ont tout simplement changé de matière première et saccharifient l’amidon du riz du Tonkin ou de la Cochinchine exempt de droits au lieu de mettre en travail le maïs de Roumanie.

Les distilleries de betteraves produisent en moyenne 800 000 hectolitres d’alcool ; la production s’est un peu ralentie pendant les