Quand on parcourt tous ces volumes dont chaque hiver ramène l’éclosion, qui naissent avec les roses de Noël, ne durent comme elles qu’un temps, et qui tranchent par leur provocant éclat sur le brouillard gris d’un jour décoloré, que de choses étonnantes passent et repassent sous les yeux : — fleurs de rêve ou souvenirs historiques, œuvres d’art ou merveilles de la science, — évoquées sous les aspects les plus variés et les plus séduisans, sinon toujours les plus réels et les plus vrais.
Parmi tous ces beaux livres d’histoire, d’archéologie et d’art, il en est qui sont plus que des livres d’étrennes ; de véritables monumens de science et d’érudition, telle l’Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique[1] de M. Maspero, le savant exégète qui a appris des rois et du peuple égyptiens leur propre histoire, qui l’a fait sortir de tous ces hypogées, de la pierre où elle est écrite comme dans un livre toujours ouvert. Sur ces siècles si obscurs ses découvertes et ses recherches ont contribué à répandre la lumière. Avec lui les faits se précisent, et les synchronismes entre l’histoire égyptienne, d’un côté, les histoires grecque, perse, assyrienne, hébraïque apparaissent avec un caractère plus grand de certitude. Les illustrations faites toutes d’après les témoignages anciens, qu’ont fournis les temples de Karnak, les bas-reliefs de Suse, le Sérapéum, toutes relevées d’après des monumens retrouvés et rendus au jour, forment le plus original et le plus authentique commentaire du texte.
Ce n’est pas seulement chez les Égyptiens que l’histoire de l’art se rapproche de l’histoire générale, dont elle donne en quelque sorte la meilleure interprétation. L’histoire de la sculpture grecque[2], elle aussi, s’est entièrement renouvelée depuis un siècle par l’étude des monumens originaux. Des observations précises sur le travail du marbre ou du bronze, sur la polychromie, sur de simples nuances d’exécution, (1)